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Pourquoi la BCE s'inquiète de la baisse durable des prix

''L’inflation pourrait être négative dans les mois à venir !''. Cette petite phrase prononcée jeudi 21 janvier par le président de la Banque Centrale Européenne n’est pas passée inaperçue. Il faut dire que les moindres déclarations de Mario Draghi sont observées à la loupe par les marchés et les économistes. Comment faut-il les interpréter.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (photo d'illustration © Maxppp)

Mario Draghi lance trois messages. Il estime que l’heure est grave mais pas désespérée ; fait part de ses inquiétudes face à un indicateur qui est source de ralentissement économique ; fait savoir que, que dans ce contexte, la BCE pourrait intervenir dès le mois de mars pour corriger le tir.

 

La baisse des prix arrange le consommateur mais pas l’économie au sens large

La baisse générale des prix sur un longue période – la déflation –  est ce que l’on appelle un phénomène ‘’auto-réalisateur’’ : il conditionne les esprits et les actes.

Phénomène naturel : face à des prix qui reculent, le consommateur se dit : si ça baisse aujourd'hui, ça va baisser encore plus demain... donc, j'attends un peu pour consommer, je renvoie à plus tard l'achat d’une voiture ou d’un nouvel électroménager, par exemple.

Mais une consommation ainsi différée fait baisser les commandes aux entreprises qui réduisent leur production, baissent les salaires ou licencient purement et simplement.

C'est la spirale infernale, le cercle vicieux

 

Situation actuelle

La France connaît une inflation nulle : 0% en moyenne sur l’ensemble de 2015, après +0.9% en 2013 et un petit +0.5% en 2014. On observe donc un repli constant.Elément aggravant : la chute des cours du pétrole fait craindre désormais un repli général et durable des prix des biens de consommation… en clair, la déflation est à nos portes.Pour lutter contre ce scénario du pire, la BCE – dont la stabilité des prix est inscrite dans ses statuts – estime que l’inflation doit se maintenir autour de 2%, le niveau idéal à ses yeux. Nous en sommes très loin.

 

Comment peut-on inverser cette spirale ?

 Il faut relancer la demande, redonner du pouvoir d’achat au consommateur. C’est bête comme chou mais pas facile à faire. C’est de la stricte politique économique, un travail d’équipe entre gouvernement, entreprises et banques centrales.

Encore faut-il l’expliquer à l’opinion. Expliquer que l’inflation permet d’adapter plus facilement la structure des prix et des salaires (on l’a vu : des prix sans cesse en baisse poussent mécaniquement les salaires vers le bas. Il faut tendre à l’inverse).

Donc oui, l’inflation maîtrisée est un des ingrédients pour une croissance soutenue. Oui,  l’inflation est un mal nécessaire…

En résumé : il n’y aura pas de rebond économique sans une inversion de ce que les économistes appellent la « dynamique » des prix.

 

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