Pétrole : il faut rouvrir la chasse au gaspi...
On a coutume de dire que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel mais on ne voit pas ce qui pourrait arrêter la hausse du pétrole. En quatre ans le prix du baril a doublé et au train où vont les choses on n’est pas loin de passer les 90 dollars, ce qui représenterait – en monnaie constante – le record absolu depuis les chocs pétroliers des années 70. Ce qui frappe, vous l’avez dit, c’est l’accélération. Elle est due à des tensions géopolitiques : la menace de la Turquie contre le Kurdistan irakien, qui pourrait interrompre l’exportation du pétrole extrait du Nord de l’Irak. Avec des risques des réactions en chaîne dans la région. L’autre élément est saisonnier : l’hiver pointe son nez dans l’hémisphère nord, donc la consommation d’énergie va être plus forte, alors que l’on constate une baisse des stocks dans les pays riches. Ajoutez à cela un fort mouvement de spéculation, avec un gonflement des contrats d’achat de pétrole à la bourse de New-York.
Est-ce que ça va se poursuivre. Le pétrole va-t-il franchir les 100 dollars le baril ?
Le seuil sera franchi, mais on ne sait pas quand. S’il devait un événement majeur s’annonçait – ça va du cyclone à la menace militaire sur l’Iran - alors on aurait un choc pétrolier brutal. Sinon, ça sera plus long mais c’est inéluctable car on est confronté à la fois à une consommation toujours plus forte, du fait du développement accéléré de l’Inde et de la Chine. Et en même temps à des capacités de production mondiales limitées. Le problème ne vient pas des réserves de pétrole – on est encore tranquille pour pas mal de décennies – mais des limites techniques de l’extraction. Elle devient de plus en plus difficile. Il ne suffit plus de creuser un puits pour que le pétrole jaillisse à flot comme à l’époque du Far West américain. Il faut maintenant aller le chercher le chercher à 3 000 mètres sous l’eau, dans des gisements très difficiles d’accès. C’est plus compliqué, plus long, plus cher.
Et pour notre portefeuille, quelles sont les conséquences ?
Comme le pétrole est payé en dollar, nous bénéficions d’un amortisseur : l’euro fort. Mais le super à 1 euro 50 n’est pas loin. 10 francs le litre, quand on se souvient qu’il y a 20 ans, certains affirmaient que 5 francs serait un seuil de dissuasion pour l’automobiliste. Le fuel domestique va aussi augmenter. Une pression de plus sur le pouvoir d’achat, en même temps que les hausses dans l’alimentaire. Pour faire face à long terme, la seule solution c’est de faire des économies d’énergie. Voitures qui consomment moins, isolation des bâtiments, éoliennes. Le prochain Grenelle de l’Environnement prend une dimension supplémentaire. C’est le retour de la chasse au gaspi.
Pour en savoir plus :
Voir le livre très solidement argumenté de Jean-Luc Wingert, La vie après le pétrole, aux éditions Autrement.
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