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Pétrole bas, fausse bonne nouvelle

Le pétrole à moins de 35 dollars le baril, du jamais vu depuis la crise. La planète a trop de pétrole. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce niveau trop bas est une fausse bonne nouvelle pour l’économie mondiale
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Puits de pétrole au Dakota du Nord , le 12 octobre 2013 © Maxppp)

En juin 2014, le baril de Brent de la mer du Nord était à 115 dollars, en 18 mois il a perdu les deux tiers de sa valeur. Le pétrole ne vaut plus rien, moins de 35 dollars le baril, c’est votre chaudière, votre voiture et votre budget qui sont contents. Les américains ne savent que faire de leur pétrole de schiste, ils viennent de lever l’interdiction d’exporter en vigueur depuis 75,  et l’OPEP n’a pas l’intention de leur laisser la place et donc de réduire sa production. Par ailleurs, la croissance patine un peu partout et la demande mondiale est en recul, surtout en Chine. On n’est plus au milieu des années 80 où la baisse du prix du pétrole entrainait la baisse des prix et des taux mais dans un contexte d’inflation. Là, si on baisse encore les taux et les prix, la récession menace. Donc, cette baisse est une fausse bouffée d’air.  Elle inquiète plus qu’elle ne réjouit.

Avenir sombre chez les producteurs

275 milliards de dollars de manque à gagner pour les pays de l’OPEP selon le FMI. Tous ont un budget dans le rouge, 13 milliards de déficit pour le Qatar qui achètera sans doute moins d’hôtels et de club de foot. Pour l’instant, ils puisent dans leurs réserves. Le Venezuela, dépendant à 90 % du pétrole avec des réserves plus importantes que l’Arabie saoudite et un client principal, les Etats-Unis, s’arrache les cheveux. Car les Etats-Unis n’ont plus besoin du pétrole Vénézuélien. D’autres pays producteurs, eux, n’en n’ont pas comme l’Equateur, la Lybie, l’Angola, le Nigéria ou même l’Algérie où l’on pourrait craindre aussi  l’instabilité politique. Sans parler de l’Iran qui va arriver sur un marché qui déborde. Et de la Russie pour laquelle c’est triple peine : les sanctions internationales gèlent ses projets pétroliers, son gaz, indexé sur le cours de l’or noir, dégringole en même temps que lui. Bref, trop de pétrole tue le pétrole qui n’est plus le moteur de la croissance mondiale.

Les bourses en baisse

Ce que craint la bourse américaine s’est une propagation au secteur financier en raison des prêts consentis au secteur de l’énergie .Si les producteurs gagnent moins, ils remboursent moins bien. Et les entreprises comme BP, Exxon, et d’autres voient leurs marge se rétrécir. Les cours de bourse chutent. Les investisseurs, les fonds de pensions pourraient alors se détourner de ce marché pour aller investir ailleurs. Même chose en Europe, où toutes les places financières pâtissent du faible cout du pétrole. En revanche, pour nos entreprises, c’est une bonne affaire, ça allège les coûts à condition d’avoir encore demain des clients pour acheter et vers qui exporter. Et si en France, ça signifie oxygène pour l’industrie, coup de pouce au pouvoir d’achat, avec une croissance, à peine au-dessus de  1% pour cette année, l’économie est encore loin de décoller. La conjonction baisse du pétrole, de l’euro et des taux d’intérêts, ces « astres alignés » dont parlait François Hollande en novembre, sont alignés sur une trajectoire en pente encore trop douce.

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