Petit trou d'air pour LVMH sur le marché du luxe
C'est une alerte pour le groupe dirigé par Bernard Arnaud en termes de stratégie. Le titre LVMH a terminé la séance d'hier sur une baisse d'environ 5% à 137 euros. Il y avait bien longtemps que le groupe français, leader mondial du luxe, n'avait pas connu cela. Suffisamment rare pour s'interroger, mais pas s'inquiéter car ce n'est pas non plus une descente aux enfers pour l'entreprise.
Ce qui a marqué les marchés, c'est le ralentissement de la marque Louis Vuitton (le malletier, les sacs Vuitton), par rapport aux autres entités du groupe. LVMH (acronyme de Louis Vuitton Moët Hennessy) ce sont aussi les enseignes Céline, Givenchy, les champagnes Moët et Chandon et Dom Pérignon, le joailler Bulgari, les montres Tag Heuer et Hublot ou encore les parfums Guerlain et Christian Dior.
Donc ça marche moins bien pour les sacs ? *
Oui, et comme c'est l'activité qui porte l'essentiel des profits du groupe, ca pèse sur l'ensemble des résultats. Le troisième trimestre a été particulièrement mauvais et sur les 9 premiers mois de l'année, LVMH a réalisé un chiffre d'affaires de 21 milliards d'euros (excusez du peu) en hausse de 4% contre 22% de progression sur la même période de l'an dernier. Cela fait une sacrée différence... heureusement, montres, joailleries, vins et spiritueux étaient là – et le sont toujours – pour sauver la face.
Et comment s'explique ce trou d'air ?
Les achats sont atones en Chine, l'un des principaux marchés du malletier. Au Japon, la hausse des prix due aux aléas de parité yen / dollar a eu un impact direct sur les ventes. Mais toutes ces explications avancées par les dirigeants de LVMH ne convainquent pas les analystes. "Le Japon n'explique pas tout", dit l'un d'eux qui s'interroge particulièrement sur les perspectives d'un conglomérat qui a beaucoup grossi à coup de rachats de marques ou la récente montée en puissance dans le capital d'Hermès.
Donc moins de papillonnage... nécessaire recentrage sur certaines activités ou reformatage de certains produits. Et puis Louis Vuitton doit trouver le bon successeur à Marc Jacobs, le directeur artistique qui a quitté le navire début octobre.
Tout cela est très stratégique. Rien à voir avec un éventuel déclin de l'industrie du luxe
Nous en sommes très loin. Les chinois seront toujours les chinois... ils continuent d'acheter en voyage ou à domicile... le marché américain reste lui aussi porteur, l'Europe aussi dans une moindre mesure.
La crise pousse tous ces mastodontes aux reins pourtant solides à se réinventer pour répondre à une clientèle toujours plus exigeante car toujours plus riche. C'est le paradoxe de la crise. Donc non, pas d'inquiétude pour cette industrie, et heureusement, car elle reste un de nos derniers fleurons en matière d'innovation et d'emplois.
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