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Ouverture des magasins le dimanche : Don Camillo et Peppone vaincus par Internet

Pour la première fois, sept grandes enseignes de l’ameublement – dont Ikéa, But et Conforama – s’unissent pour réclamer ensemble le droit d’ouvrir leurs magasins le dimanche en région parisienne. Toutes ont subi en 2007 des condamnations pour ouverture illégale, après des recours syndicaux. Cette action de lobbying intervient au moment où Nicolas Sarkozy a décidé d’ouvrir le dossier. Est-ce bientôt la fin du repos dominical obligatoire ?
Article rédigé par franceinfo
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En tout cas les choses vont bouger. L’obligation de fermer le dimanche, c’est un héritage à la fois religieux, culturel et syndical, l’alliance de Don Camillo et de Peppone. Tout employeur doit accorder au minimum un jour de repos par semaine au salarié, fixé au dimanche. Mais les modes de vie et de consommation ont changé. D’ailleurs, au fil des décennies, les dérogations permanentes
se sont étendues : on y a ajouté récemment les loueurs de DVD et les jardineries. Et puis il y a les autorisations limitées, du préfet ou du maire. Depuis quelques années, les contentieux se multiplient dans les grandes agglomérations avec des décisions administratives et judiciaires contradictoires et peu lisibles. Certains magasins des Champs-Elysées, classés en zone touristique peuvent ouvrir, quand d’autres doivent garder leur rideau baissé. On a vu Louis Vuitton contourner la législation en intégrant une galerie d’art dans son magasin. Certaines enseignes préfèrent payer des astreintes compensées par du chiffre d’affaire, plutôt que de s’obliger à fermer. Les syndicats, Force Ouvrière en particulier, combattent l’ouverture au nom de la protection des salariés. Mais à l’intérieur des magasins, les employés soulignent qu’ils gagnent jusqu’à 20 à 30% de plus grâce au doublement de la paie le dimanche. Le système actuel est à bout de souffle.

Mais c’est un débat de société : est-ce que le dimanche ne doit pas rester un point fixe non travaillé pour préserver la vie de famille ?

C’est l’argument de ceux qui ne veulent pas changer la règle. Les professionnels du meuble répondent à l’inverse que pour ce type d’achat, on vient faire ses courses en famille et que le dimanche est le moment idéal. Il y d’ailleurs un pic d’activité quand c’est ouvert. Les jeunes, beaucoup de personnes isolées ou libérées des contraintes familiales sont volontaires pour travailler ces jours là. Ca représente un gisement d’emplois. A l’étranger, on est allé généralement vers plus de souplesse, mais en décentralisant la décision. L’Allemagne vient de confier aux Länder, aux régions, le soin d’autoriser ou non l’ouverture le dimanche. En Italie ou en Espagne, les situations varient aussi localement. Pourquoi ne pas expérimenter en région parisienne une ouverture un dimanche par mois ? Face à l’achat en ligne, possible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, qui va représenter bientôt 10% du commerce de détail, le dimanche non travaillé forcé ressemble de plus en plus à une ligne Maginot.

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