Nouveau pacte d'actionnaires pour EADS
Une fois l'accord connu, il y a fort à parier que ce soit le premier argument défendu par l'opposition. Après Florange, on va vivre un nouveau feuilleton politico-économique : François Hollande accusé de brader le patrimoine industriel français. Cette fois en faveur de l'Allemagne... crise de lèse majesté. En réalité, l'affaire est beaucoup plus complexe sur le fond : plus qu'un simple montage capitalistique en faveur de l'un ou l'autre camp, c'est avant tout un savant équilibre que l'on cherche à préserver. Aujourd'hui, l'Etat français détient 15% d'EADS et LAGARDERE 8%. L'Etat allemand, lui, est totalement absent du capital... les intérêts de l'Allemagne y sont représentés par DAIMLER qui détient 15% du groupe. Seulement voilà : LAGARDERE et DAIMLER veulent se désengager d'EADS laissant le champ libre aux politiques dans ce secteur stratégique. Il en va de l'avenir de l'industrie aéronautique européenne... et puis EADS, c'est notamment l'avion AIRBUS qui, chaque mois, chaque trimestre, dope nos exportations.
Que prévoit le nouveau pacte d'actionnaire ?
Il prévoit de limiter les participations des Etats dans le capital d'EADS à moins de 30% dont 5 pour l'Espagne, 12 pour la France et 12 pour l'Allemagne. Car Berlin exige d'être au même niveau que Paris et c'est là, évidemment, où le bas blesse. Cherchez le perdant ! Il suffit de faire un rapide calcul : Berlin passerait de 0 à 12% dans EADS en reprenant les parts de DAIMLER, Paris chuterait volontairement de 15 à 12 en cédant la différence et en neutralisant une partie de ses actifs dans une fondation de droit néerlandais, ce que l'on appelle un ''sleeping partner'', un partenaire dormant. Au passage, l'opération permettra à la France d'empocher quelque 600 millions d'euros... plutôt bienvenus en cette période de disette budgétaire.
C'est un montage politiquement sensible
Oui mais c'est le prix à payer pour la paix des ménages. Nous sommes clairement dans une logique où l'on ne veut pas briser l'axe de stabilité franco-allemand dans un secteur industriel stratégique. A travers le nouveau pacte d'actionnaire, Paris ne fera que traduire sa volonté de maintenir un pôle d'équilibre : ne pas tuer une entreprise à dynamique franco-allemande... un signal politique fort. Quant à l'Allemand Tom Enders qui a récemment remplacé Louis Gallois à la tête d'EADS et qui luttait farouchement contre la présence des Etats dans le capital du groupe, il avale aujourd'hui une belle couleuvre.
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