Cet article date de plus de neuf ans.

Manuel Valls plus fort que Mario Draghi pour baisser l'euro ?

La petite phrase est passée plus ou moins inaperçue dans le discours de politique générale de Manuel Valls, mardi après-midi, à l’Assemblée nationale. Le Premier ministre s’est vanté d’avoir fait baisser l’euro face au dollar. Info ou intox ?
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Mario Draghi, président de la BCE avec François Hollande le 1er septembre 2014 © Reuters/Philippe Wojazer)

En voilà un puissant chef de gouvernement ! Un Premier ministre qui, à lui seul, au milieu des 17 autres pays membres de la zone euro, est assez puissant pour faire évoluer la monnaie unique dans un sens bien arrangeant puisque chacun sait qu’un euro plus faible que le dollar facilite la vie de nos entreprises exportatrices. Disons que l’orateur a été bien présomptueux.

 

L’euro a bien baissé face au dollar

 

Concrètement, fin mars - début avril, lors du changement de gouvernement, l’euro s’échange 1,37 dollar. Début mai, il dépasse 1,39 dollar. Aujourd’hui il est à 1.29. Donc oui, objectivement, l’euro a baissé depuis avril, mais ce n’est pas le fait du gouvernement Français.

 

Un repli lié à la conjoncture et à la BCE

 

On doit ce repli à la conjoncture et à Mario Draghi, le président de la Banque Centrale Européenne (BCE). Au printemps, le repli persistant de l’inflation risque de tourner à la déflation, une baisse conjuguée des prix et des salaires. Les marchés en déduisent que la BCE va être obligée d’intervenir. Les opérateurs vendent alors ce qu’ils ont d’euros, ce qui pousse la monnaie à la baisse une première fois.

Au mois de juin, Mario Draghi passe à l’action : il baisse son principal taux d’intérêt pour soutenir l’activité économique. Rebelote en septembre avec, en plus, l’engagement de racheter de la dette en faisant tourner la planche à billets. Plus d’euros en circulation fait automatiquement baisser la devise face au dollar.

Voilà tès rapidement résumé le mécanisme car nous pourrions ajouter les contraintes imposées par les traités européens et la position allemande qui compte dans la définition de l’euro. Manuel Valls a fait beaucoup de déclarations sur l’euro fort ces derniers mois, mais dire que le gouvernement français est à la manœuvre en pesant sur les décisions prises par les autorités monétaires est audacieux, pour ne pas dire un brin… mensonger.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.