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Made in France, nos emplettes font-elles encore nos emplois ?

Le "made in France" fait son retour en pleine campagne pour l’élection présidentielle. Plus loin que le simple aspect politique, le principe a-t-il un sens sur le plan économique ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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A l'heure de la mondialisation, "nos emplettes font-elles encore nos emplois ?". C’est la question que l’on peut se poser en paraphrasant un célèbre slogan publicitaire qui avait marqué les esprits il y a plus d’une décennie. Ressortir le concept en cette période pré-électorale permet aux politiques de répondre à l’inquiétude de citoyens inquiets face à la crise et au chômage. C’est toute la question de la désindustrialisation dont souffre la France aujourd’hui. Les entreprises vont fabriquer dans d’autres pays, où les coûts sont beaucoup plus faibles, avec les conséquences sociales que l’on sait chez nous. Il y a en fait deux question en une : parle-t-on du "fabriqué en France" ou du "acheté en France" ? Produire sur le sol français, c’est créer les conditions économiques, sociales et fiscales adéquates. Consommer français, c’est traiter du pouvoir d’achat. Et c’est vrai, les deux sont intimement liés.

Les études montrent que nous sommes prêts aujourd’hui à payer plus cher pour acheter français.

Oui. Mais sans vouloir jouer la contradiction, il faut reconnaître que la production internationale offre aux consommateurs une plus grande diversité de produits (que les chantres du drapeau bleu blanc rouge apposé sur les rayons de nos grandes surfaces revendent immédiatement leur iPhone car il est conçu en Californie, fabriqué au Japon ou en Malaisie et assemblé en Chine). Quant aux enquêtes d’opinion auxquelles vous faites référence… tout dépend des questions posées. "Etes-vous prêt à payer un produit 5 à 10% plus cher s’il était fabriqué en France ?"… réponse : OUI à plus de 60% d'après les derniers sondages. Or, la question est biaisée car le différentiel de prix à la frontière n’est pas de 5 ou 10% mais de 1 à 3. Il faudrait donc demander aux français : "Etes-vous prêt à payer un produit 2 à 3 fois plus chers (on est loin des 5%) pour une diversité moindre de produits ?". Il y a fort à parier que la réponse soit bien différente.

Donc, le label "fabriqué en France" n’a aucun intérêt à vos yeux ?

Je n’ai pas dit cela. Mais l’un n’empêche pas l’autre. Offrir une marque de fabrique aux dindes de Licques dans le Pas de Calais (qui, elles, ne se sont jamais délocalisées) ou aux skis Rossignols qui ont rapatrié leur production à Sallanches en Haute-Savoie grâce aux subsides de l’Etat, c’est bien mais il faut dire à quoi correspond concrètement le label (sur quels produits l'applique-t-on ? A quel niveau de valeur ajoutée française on l'attribue ? Comment faire fi des normes européennes ?). Le débat actuel ne répond pas à ces questions. Finalement, le plus important n'est-il pas d'avoir un maximum d'entrepreneurs avec un maximum d'idées qui puissent trouver leur place dans la chaîne de production mondiale... la relocalisation n'est plus qu'un épiphénomène.

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