Libor et Euribor, 2 nouveaux scandales financiers
Le scandale a éclaté en juin dernier lorsque la banque britannique Barclays a reconnu qu'elle allait payer près de 300 millions de livres sterling pour mettre fin à plusieurs enquêtes sur des manipulations du Libor et de l'Euribor. Le Libor et l'Euribor sont les taux d'intérêts auxquels les banques se prêtent de l'argent entre elles (Libor avec un L pour la place de Londres ; EUribor (EU comme Europe) pour son équivalent sur le continent). Pour financer les prêts qu'elles accordent à leurs clients, les banques ont besoin de liquidités. Ces liquidités qu'elles n'ont pas directement dans leurs caisses, elles vont les chercher chez leurs concurrentes. Des établissements qui se prêtent de l'argent mutuellement n'a, en soi, rien de répréhensible. Ce qui l'est c'est la manière dont les banquiers incriminés se sont arrangés entre eux pour fixer le montant de ces fameux taux d'intérêt. Les premières suspicions remontent à 2007 et la crise qui a suivi a amplifié le phénomène : moins de prêts accordés, donc moins de bénéfices... l'occasion était tentante de jouer avec les taux pour ne pas trop perdre au change.
Et tout cela s'est fait sans aucun contrôle ?
Et bien, il semble que les différentes autorités de régulation n'aient pas joué pleinement leur rôle. Le Libor et l'Euribor sont calculés au jour le jour selon un panier d'une dizaine de monnaies internationales et comporte une quinzaine d'échéances. Je vous passe les détails... le système est très complexe et les sommes en jeu sont faramineuses : 350.000 milliards de dollars de produits financiers, soit 5 fois le Produit Intérieur Brut mondial. Car en dehors des taux de financement interbancaire, le Libor et l'Euribor servent de base de calcul à de nombreuses transactions comme les prêts aux entreprises, aux ménages et aux étudiants.
Et sait-on précisément qui a participé à ce " petit " jeu explosif ?
Les investigations judiciaires sont en cours et Bruxelles prend le sujet très au sérieux. Ce que je peux vous dire c'est qu'une cinquantaine de grandes banques internationales sont assignées à comparaitre : JP MORGAN, CITIGROUP, DEUTSCHE BANK, RABOBANK, HSBC, la japonaise SUMITOMO... en France, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire contre la Société Générale après une plainte déposée par une actionnaire. Le nom du Crédit Agricole circule également dans la presse. Toutes ces maisons ont-elles été complices volontaires ou involontaires du système ? C'est ce que l'enquête devra déterminer. Des observateurs vont jusqu'à dire que certains gouvernements ont laissé faire pour permettre aux banques de se reconstituer des marges pendant la crise et ainsi ne pas avoir à les recapitaliser. On n'est plus dans le polar mais dans le vrai James bond financier... Quant à nos petites économies, pas d'inquiétude... le système n'est pas près de s'écrouler.
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