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Les dessous de la vente de la Redoute

La polémique enfle entre Martine Aubry et le groupe Kering, propriétaire de la Redoute. La maire de Lille proteste contre les suppressions d'emplois à venir au sein de la société de vente par correspondance. Elle accuse Kering d'être "irresponsable", dans une interview au JDD. France Info vous explique les raisons de ces nouvelles coupes dans les effectifs.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (©)

Kering, c'est le nouveau nom du
groupe PPR,  anciennement
Pinault-Printemps-Redoute. Et son objectif c'est de vendre, très vite, la
société nordiste. A ce jour, selon nos informations, le groupe dirigé par
François-Henri Pinault est en contact avec trois repreneurs potentiels.

Et tous les trois sont du même
avis. Ils sont intéressés par la Redoute mais avec un nombre de salariés
réduit.

C'est la raison pour laquelle,
avant même d'avoir vendu la Redoute, Kering a déjà prévu de tailler une
nouvelle fois dans les effectifs. Ce ne seront pas les premières suppressions
de postes à La Redoute, loin de là. En seulement 8 ans, la société de vente par
correspondance a perdu la moitié de ses employés. Les syndicats redoutent cette
fois la perte de 700 postes supplémentaires. Il faut dire aussi que la Redoute
perd de l'argent chaque année depuis 2008. Des pertes estimées de 30 à 40
millions d'euros par an.

Pourquoi
la Redoute est-elle déficitaire ?

On dit souvent que c'est parce
qu'elle a mal négocié le virage de la vente sur internet. C'est un peu ce que
sous-entend Martine Aubry,  dans le
JDD,  quand elle accuse le groupe Kering
d'avoir laissé la Redoute " s'enfoncer " .
Pourtant il est exagéré d'affirmer que la Redoute a raté le tournant du web.
Elle est même très présente sur internet. 85 % des ventes de la société en
France se font sur la toile. Ce chiffre, c'est François-Henri Pinault lui-même
qui le cite dans un courrier envoyé à Martine Aubry et dont France Info s'est
procuré une copie (Voir ci-dessous).

En fait il ne s'agit pas
seulement d'internet. Il y a aussi la concurrence de Zara et d'H et M. Ils ont
ouvert beaucoup de magasins dans des villes moyennes, là où la Redoute était
très implantée. Et surtout ils renouvellent en permanence leurs collections de
vêtements. Il y avait de de quoi rendre la Redoute complètement " has
been ", avec seulement deux collections par an sur ses deux catalogues
" printemps-été " et " automne-hiver ".  Eh bien, là aussi, La Redoute a réagi. Elle
ne se contente plus de ses deux catalogues traditionnels. Elle renouvelle ses
collections beaucoup plus vite sur internet, 8 fois par an, pour tenter de
contrer ses rivaux. Bref on ne peut pas dire qu'elle n'ait rien fait pour se
moderniser, même si ça ne suffit pas pour éviter les pertes.

Mais
si la Redoute a évolué, pourquoi le groupe Kering ne veut-il pas la
garder ?

 Parce qu'il choisit de se recentrer
sur le luxe et le sport, avec ses marques Gucci et Puma. C'est beaucoup plus
rentable pour lui d'aller vendre des produits Gucci en Chine. La France n'est
plus une priorité pour  Kering. C'est
moins de 5 % de son chiffre d'affaires annuel. Le groupe s'est déjà séparé du
Printemps, de Conforama, de Vert Baudet... Et le dernier sur la liste, c'est la
Redoute. 

 [null,null] Lettre de François-Henri Pinault publié par France_Info.fr

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