Le Livret A restera le mode d'épargne préféré des Français
Invité de France 2, le chef du gouvernement a démenti une quelconque action volontaire de Matignon pour faire baisser le taux mais ne s'est pas engagé sur l'évolution possible car il est trop tôt pour le dire et ce n'est pas de son ressort. Le montant de la rémunération du Livret A est révisé tous les ans le 1er février et le 1er août selon une formule mathématique qui intègre notamment une indexation sur l'inflation hors tabac. Pour maintenir le taux de rémunération à 2.25% lors de la prochaine révision en février, il faudrait une inflation supérieure à 1,8%. On ne sait pas ce qu'il en sera réellement le moment venu... le fait est que depuis octobre, on est plutôt aux alentours d'1 et demi et la crise n'est pas propice aux tensions inflationnistes (d'ailleurs, ce matin l'INSEE a annoncé un ralentissement de l'inflation en novembre : -0.2% sur un an). Donc, en toute logique, si l'indice des prix baisse, la rémunération du produit d'épargne préféré des Français suivra. Reste à savoir dans quelle proportion... on peut se poser également la question pour l'autre livret défiscalisé qui a le vent en poupe : le Livret de Développement Durable.
Peut-on dire qu'il y aurait des gagnants et des perdants ?
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les épargnants ne seraient pas forcément perdants car le plafond de dépôt du livret A a été relevé, permettant de continuer à placer dans de bonnes conditions. Pas forcément négatif non plus sur le plan conjoncturel. Le Livret A c'est de l'épargne dite " de précaution ". Si sa rémunération baisse, on peut imaginer que les Français seront plutôt tentés de consommer, ce dont le pays a besoin (il faut savoir qu'à ce jour, l'encours du Livret A – c'est à dire nos économies placées sur ce produit – s'élève à 240 milliards d'euros).
Et l'assurance vie dans tout cela ?
C'est bien plus... les placements des Français dans l'assurance vie ce sont près de 1.400 milliards d'euros. Mais on constate un transfert de plus en plus important vers le Livret A... les assureurs alertent sur les dangers d'un déséquilibre trop important. Les livrets bancaires fiscalisés comme le PEL ont eux aussi pâti du transfert d'épargne. Sur le seul mois d'octobre, la fuite a atteint 12 milliards et demi d'euros... du jamais vu depuis 1993. Crédit Mutuel, Banques Populaires et Crédit Agricole sont les plus pénalisés par ces mouvements de retrait. Enfin, à l'heure où le gouvernement privilégie le logement social, une baisse de la rémunération du Livret A serait tout bénéfice pour les acteurs de cette branche puisque leurs emprunts sont indexés sur ce taux. Alors attention : je ne suis pas en train de dire que si baisse de la rémunération du Livret A il y a en févier prochain, elle sera pilotée en haut lieu... mais comme on vient de le voir, elle permettrait de rééquilibrer sérieusement l'édifice.
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