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Le lait de la Ferme des Mille vaches effraie la grande distribution

Le lait produit à la Ferme des Mille vaches en Picardie ferait-il peur ? Une coopérative ne fabrique plus de yaourts à partir de ce lait, pas forcément pour les raisons que l’on croit.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Vaches à la ferme des mille vaches © Maxppp)

C’est le quotidien Les Echos qui révèle l’information. Agrial, la coopérative qui collecte le lait de la ferme située à Drucat dans le département de la Somme, a décidé de ne plus fabriquer yaourts, formages et autres crémeries à partir du liquide issu de cet élevage de bovins hors-sol, des bestiaux élevés en batterie dans une étable géante et qui voient l’herbe verte des prairies aussi souvent qu’un technocrate de Bruxelles sort de son bureau. Et il ne s’agit en rien de questions sanitaires.

 

De raisons commerciales

 

C’est tout simplement la grande distribution qui ferait pression sur les coopératives laitières.

Depuis les manifestations hostiles à cette ferme par des associations écolo et agricoles, les hypermarchés ont peur des actions coups de poing dans leurs magasins, même si aucune menace n'a été proférée jusqu'à présent. Il s’agit d’allumer des contre-feux.

 

Mesure préventive, mais est-ce légal ?

 

Les grandes enseignes jurent qu'elles ne font pas pression mais leur puissance est importante, la chaine de distribution est incontournable.

Certaines entreprises laitières ont d'ailleurs pris les devants. Lactalis, par exemple, a décidé de certifier par écrit qu’elle ne s’approvisionnait pas auprès de la Ferme des 1000 vaches pour fabriquer ses produits de marque.

 

Maintenant que l’affaire est connue, ne risque-t-elle pas de faire des émules ?

 

D’autres exemples pourraient suivre, pas forcément dans le secteur laitier. Car derrière la Ferme des Mille vaches – qui n’en compte en réalité aujourd’hui que 500, peut-être bientôt 800 si une extension est accordée –, ce sont d’autres projets qui s’apprêtent à voir le jour : 2200 vaches laitières à Monts en Indre et Loire ; 23.000 porcelets à Trébrivan dans les Côtes-d'Armor… et puis les légumes, avec des projets de fermes usines végétales. Des serres de tomates hors-sol elles aussi, de 400 hectares en Charente-Maritime, alors qu’il suffit de 2 à 3 ha pour avoir une bonne tomate bien rouge et bien juteuse, autrement plus savoureuse que sa petite sœur parfaitement calibrée.

L’agriculture hyper industrielle a bien du mal à s’imposer en France car va à contre-courant de la demande grandissante du client qui privilégie les circuits courts.

La Ferme des Mille vaches qui effraie la grande distribution... sacré paradoxe.

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