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Le Club Med bientôt chinois ?

Et si le Club Méditerranée passait dans des mains étrangères ? La question se pose après une décision de justice en France. La Cour d'appel de Paris vient de rejeter un recours de petits actionnaires qui s'opposaient à la montée en puissance d'un investisseur international au sein du capital du groupe de loisirs.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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C'est une semaine
très intéressante que nous venons de vivre, riche en rebondissements et en
enseignements sur la manière dont nous gérons notre patrimoine industriel, économique
tout court. Important car, au bout du compte, il y a des dizaines de milliers
d'emplois.

Après le fleuron de
l'industrie lourde ALSTOM, le fleuron de l'industrie légère et de l'insouciance
: le Club Med. La marque au Trident a la voie désormais libre pour se
développer comme elle l'entend, notamment en voyant monter dans son capital le
chinois Fosun, déjà actionnaire du Club à hauteur de 10%.

Pourquoi est-ce aussi
important pour le Club Méditerranée ?

Dans un contexte de
fin de crise, le groupe a besoin de rebondir. Présent dans 40 pays, le Club Med
est une entreprise très internationale dont l'activité est plombée en grande
partie par deux marchés : la France et la Belgique. Sans développement à l'étranger,
la société est condamnée, elle qui réalise aujourd'hui un chiffre d'affaire d'1
milliards et demi d'euro et emploie 15.000 personnes parlant 30 langues
différentes.

La montée de Fosun,
dans le cadre d'une opération amicale, va permettre au Club de renforcer son
assise financière pour gérer sa stratégie sur le long terme. Qui plus est avec
un partenaire dont le pays d'origine – la Chine – accèdera bientôt au rang de
première puissance économique mondiale, donc touristique, le fonds de commerce
du Club.

Cela va être
également l'occasion pour le groupe dirigé par Henry Giscard d'Estaing de
monter en gamme. Aujourd'hui, pour se développer, soit on fait du moyen-bas de
gamme pas cher, soit on joue le prestige. C'est ce que fait le Club depuis 2006
en revendant des villages pour en acquérir d'autres plus "smart",
mais le moment est venu de passer à la vitesse supérieure.

Et puis il n'y a pas
que la clientèle chinoise. Une assez grande partie de la population des pays
émergents s'enrichit et veut, elle aussi, des vacances et des loisirs.

Après l'accord
Dongfeng / PSA, voici donc Fosun / Club Med... de quoi alimenter la chronique
sur le patriotisme économique qui a fait couler beaucoup d'encre cette semaine

Dans les deux cas
(Psa et le Club Méditerranée), il serait vraiment malvenu de critiquer car les
opérations répondent à une vraie logique industrielle. La Chine qui, certes, a
beaucoup d'argent à placer, s'intéresse à l'Europe car les opportunités
d'investissement y sont aujourd'hui nombreuses, mais les partenaires chinois
nous permettent d'accéder à leur propre marché.

Le Club Med est
l'exemple type de l'entreprise placée au cœur de la mondialisation, qui a
besoin de grossir pour survivre et, à ce titre, besoin de s'allier avec des
partenaires, des actionnaires, internationaux. Ce qui également le cas d'Alstom
mais ce dernier a fait les frais d'un débat politique - légitime vu son
positionnement stratégique - mais trop politicien. Le tourisme est un secteur
beaucoup moins sensible et ne nécessite pas une mobilisation équivalente.

L'opération
capitalistique va pouvoir être lancée avec 9 mois de retard. Cette fois, pas à
cause du gouvernement, mais d'actionnaires minoritaires récalcitrants. La clôture
de l'offre devrait intervenir le 23 mai et le résultat connu courant juin.
Henry Giscard d'Estaing est ce matin un homme, aux mains libres, plutôt
heureux.

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