La vie après le rapport Gallois
Le principal point que l'on retiendra de ce " bouquet final " (35 mesures annoncées par Jean-Marc Ayrault contre 22 proposées par le rapport Gallois), c'est une reconnaissance par l'exécutif du caractère trop élevé du coût du travail en France. Droite et gauche font le même constat... c'est désormais écrit noir sur blanc. Pour autant, le " plan compétitivité Ayrault " - comme on peut désormais l'appeler – sera-t-il efficace ? La réponse est plus nuancée car le calendrier retenu est assez éloigné de ce que proposait Louis Gallois et ce que réclament les entreprises : agir vite.
En remplaçant le transfert des charges patronales par un crédit d'impôt, Matignon ne baisse pas le coût du travail sur le champ, il promet de rembourser les cotisations payées par les entreprises en 2014 pour ne pas toucher aux finances 2013 et respecter ainsi les objectifs budgétaires. De toute évidence : l'impact du plan ne sera pas immédiat, sauf pour quelques petites entreprises qui obtiendront des dérogations. Dans l'ensemble, le dispositif reste complexe... le 0.5% de croissance et les 300 à 400.000 créations d'emplois attendus d'ici 2017 dépendront en grande partie de la conjoncture... et puis, que dire du système de conditionnalité ?!! Les entreprises devront rendre des comptes pour les aides accordées... très bien... mais attention de ne pas transformer le "choc de confiance" en "risque de défiance".
D'autant que les services publics vont être, eux aussi, mis à contribution.*
C'est ce qui fait bondir les syndicats et la gauche de la gauche ! Les administrations contraintes de se serrer la ceinture avec 10 milliards d'économies supplémentaires alors qu'on va donner de l'argent aux entreprises... sacrilège ! Mais pour le duo Hollande-Ayrault, c'était le prix à payer sur le plan politique. Le gouvernement a voulu montrer qu'il n'était pas prisonnier de l'idéologie qu'on ne cesse de lui reprocher, et François Hollande semble avoir enfin trouvé son costume présidentiel avec son lot de concessions nécessaires. Le Chef de l'Etat a fait plus que manger son chapeau... il a avalé la boucle qui va avec en revenant sur son engagement de ne pas toucher à la TVA (sauf pour les produits de première nécessité, celle-ci augmentera bien et ne sera pas indolore pour notre porte-monnaie puisque le fruit de la récolte sera de 7 milliards d'euros par an pour les caisses de l'Etat). Quant à Louis Gallois, aura-t-il pu aller réellement au bout de sa pensée en acceptant de rédiger un rapport éminemment politique ? Un délai de prescription sera nécessaire avant de lui poser la question et d'espérer décrocher une réponse. Louis Gallois qui va très vite remettre les mains dans le cambouis en tant que Commissaire général à l'Investissement car il a du pain sur la planche.
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