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La lucidité de Mario Draghi déplaît aux marchés financiers

Moins 4% à la bourse de Milan ; -2,8% à Paris, -2% à Francfort, -1,7% à Londres… les marchés financiers ont terminé en nette baisse hier après le discours du Président de la Banque Centrale Européenne. Le torchon brûle-t-il entre la BCE et les investisseurs ?
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (© Sipa Press  Mario Draghi)

Sur les marchés, une expression célèbre dit que ‘’ les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ’’. Ces derniers temps, les indices européens – dont le CAC40 à Paris – ont atteint des niveaux confortables. Hier, nous avons donc assisté à de logiques prises de bénéfices, ce qui a fait redescendre les cours.

Deuxième explication, et pas des moindres : les propos tenus par Mario Draghi. Le patron de la BCE s’est abstenu d’annoncer de nouvelles mesures de soutien à l’économie de la zone euro. Si d'autres opérations il doit y avoir, ça sera entre octobre et la fin de l'année. Quant aux taux d’intérêts, à 0,05%, ils sont à un niveau historiquement bas, on ne bouge plus.

Pourquoi les marchés s'en inquiètent à ce point

Draghi a mis les points sur les ‘’i’’ et renvoyé chacun à ses responsabilités sans le dire expressément. Les mots utilisés par un banquier central sont toujours très mesurés, pesés au trébuchet, mais les opérateurs de marchés savent les interpréter.

Qu’a dit en substance Mario Dragui ? ‘’ Moi, banquier central, j’ai créé à l’automne les conditions permettant aux banques commerciales de rouvrir le robinet du crédit’’ ; ‘’Moi, banquier central, à la rentrée j’ai baissé les taux à un niveau historiquement bas’’. Bref, "Moi banquier central, j’ai fait ce que je devais faire… maintenant, à vous de jouer. Investisseurs investissez ; Etats, poursuivez les réformes et on verra après !"

Quelle conclusion en tirez-vous ?

Que nous avons des banquiers centraux relativement lucides sur les limites de ce qu’ils peuvent faire.

Ce n’est pas la BCE qui va stimuler la demande intérieure. Pour stimuler le crédit, il faut deux éléments conjugués : que les banques aient envie de prêter et que les emprunteurs aient envie d’emprunter. Là est le nœud du problème.

Jeudi 2 octobre, les marchés attendaient un geste supplémentaire de l’institution basée à Francfort… Super Mario a douché leurs espoirs mais a envoyé un message très clair aux dirigeants politiques mais surtout aux vrais décideurs économiques.

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