La Lettonie, bientôt 18ème membre de la zone euro
Pour les pays membres de l'Eurogroupe, c'est la preuve que la crise n'a rien figé et que la vie continue. D'autant que c'est un bon élève qui fait son entrée dans la classe. On n'est pas dans le cas de la Croatie, économiquement malade, qui rejoindra le dispensaire européen le 1er juillet prochain. Accueillir la Lettonie, c'est accueillir un pays qui revient de loin et qui a su s'en sortir à force de volonté.
Avec ses 2 millions d'habitants et une économie très tournée vers la chimie, la petite république balte avait pris la crise de 2008/2009 en pleine figure avec une chute brutale de sa croissance (-20%). Le pays le plus pauvre de la zone euro a su prendre le taureau par les cornes en appliquant un des plans de rigueur les plus sévères de la zone. Résultat : le déficit a été réduit à 1,2% du PIB (bien en dessous des 3% requis) et son taux de croissance est aujourd'hui légèrement supérieur à 5%, de quoi faire des jaloux. Enfin, pendant la crise, Riga a choisi de ne pas dévaluer sa monnaie (le Lat)... Résister à la tempête sans recourir au levier monétaire a fini de convaincre Bruxelles mais aussi... l'Allemagne.
Et pour les lettons, qu'est-ce que cela change ? *
Le gouvernement attend de l'adoption de l'euro une stimulation de son économie avec l'attraction de nouveaux investisseurs. Le peuple letton, lui, est plus que circonspect... seule 38% de la population est en faveur de la monnaie unique. Chat échaudé craint l'eau froide, le pays connaît aujourd'hui un taux de chômage de 14%. 50 ans de gestion soviétique sont très difficiles à oublier : déséquilibre de compétences avec une prééminence des diplômés en sciences humaines mais très peu en informatique malgré les besoins urgents.
Et qu'en est-il de son système bancaire ?
C'est le point d'achoppement effectivement, la BCE veille au grain. Elle s'inquiète de la proportion des dépôts étrangers dans les banques lettone. Les avoirs des non-résidents atteignent aujourd'hui 7 milliards d'euros, le tiers de la richesse nationale. On ne sait pas à qui appartient l'argent mais de forts soupçons se portent sur les russes voisins. Cependant, rien à voir avec Chypre mais en cas de crise, cet argent est susceptible de partir très rapidement vers l'étranger, au risque de destabiliser le système. La BCE est consciente de la situation et sait qu'elle ne peut plus se permettre le moindre écart. C'est un autre effet de la crise, positif celui-ci : la vigilance renforcée.
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