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La fin des 35 heures

Est-ce la fin des 35 heures ? Au cours de son interview télévisée hier, Nicolas Sarkozy s’est défendu de vouloir les supprimer. Mais avec toutes les mesures qu’il a annoncées, est-ce qu’elles ne sont pas vidées de leur substance ?
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Dans les annonces tous azimut de Nicolas Sarkozy, il y a un fil directeur : la remise en cause des 35 heures. Un premier coup de canif a été porté cet été avec la suppression des charges et des impôts sur les heures supplémentaires. Hier soir, il y en a eu deux autres : d’abord la possibilité offerte aux salariés de ne pas prendre leurs jours de RTT et de se les faire payer. Plus encore, les entreprises pourront se libérer des 35 heures, moyennant un accord interne sur la hausse des salaires. Trois coups de canif, est-ce un coup de poignard ? Pas tout-à-fait, car la loi n’est pas abrogée : la durée légale du travail reste à 35 heures par semaine. Mais la logique en est complètement renversée. La gauche avait conçu un système qu’elle voulait dissuasif : avec, au-delà de 35 heures, des heures sup contingentés et qui coûtaient plus cher à l’entreprise. Nicolas Sarkozy le retourne en un mécanisme qui est cette fois incitatif : la possibilité de recours aux heures sup n’est plus limitée et comme elles sont mieux rémunérées que des heures normales, c’est une façon d’être mieux payé. Les 35 heures, c’était à l’origine un plafond pour partager le travail. Elles deviennent un seuil à dépasser pour gagner plus.

La question qui se pose, c’est de savoir si ça va être efficace ? Est-ce que beaucoup de salariés vont en profiter ?

Il y a aujourd’hui 900 millions d’heures supplémentaires pour un peu plus d’un tiers des salariés qui travaillent à temps complet. Le problème est effectivement de savoir si les patrons auront suffisamment de commandes pour en donner davantage. Ca va prendre dans certaines activités où on a du mal à trouver de la main d’œuvre, comme la construction, mais pas dans toutes. Et on voit bien que tout ce dispositif profite à ceux qui ont déjà un emploi sans donner de perspective à ceux qui n’en ont pas. Le message envoyé aux entreprises n’est pas une incitation à l’embauche des exclus du marché du travail. Ce qui est mis en avant, c’est la réussite individuelle. Plus que la solidarité.

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