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La Big society à l'anglaise est-elle transposable en France ? L'Institut de l'Entreprise s'est penché sur le sujet

Direction le Royaume-Uni pour un gros plan sur la " Big Society ". Ce concept lancé en 2010 par l'actuel Premier ministre, David Cameron, suscite de plus en plus d'intérêt, au moment où l'économie britannique montre des signes de reprise.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

Le principe de Big Society (grande société), c'est la
tentative de refonder le rôle du gouvernement et de libérer l'esprit entrepreneurial.
Voilà pour le concept. Derrière les mots, se cache en réalité un programme
destiné à encourager l'engagement actif des citoyens, soutenir les
coopératives, mutuelles et autres entreprises sociales. Finalement, il s'agit
de transférer de nombreuses compétences du gouvernement central vers les
autorités locales. Bref, miser sur la décentralisation.

Idée lancée en 2010 par les conservateurs... depuis, cette
idée a fait son chemin... a-t-elle pour autant porté ses fruits ?

L'Institut de l'Entreprise (un think tank français,
groupe de réflexion sur les grands enjeux économiques et sociaux) rend public
ce matin une étude très poussée sur le sujet. D'autant plus pertinente que la
France est elle-même engagée dans la réforme de ses collectivités locales. Il
est toujours intéressant de regarder ce que font les autres.

A Londres aujourd'hui, les avis sont partagés. Il y a un
paradoxe. Le discours des conservateurs – le slogan " Big Society "
en tant que tel – a été plutôt un échec. Plus personne ou presque ne prononce les
deux mots autrefois magiques, mais des idées sont entrées en application. En
l'espace de trois ans, certaines se sont même imposées comme réellement
novatrices et efficaces.

Quelques exemples...

Prenons celui de la réforme éducative lancée en 2011. On
les appelle les " Free schools " (les écoles libres). Ce sont ni plus
ni moins des start-up scolaires, montées de toute pièce par les associations de
parents d'élèves en collaboration avec des organismes caritatifs. Privée dans
la gestion mais publique dans le financement par le contribuable, l'éducation
reste gratuite pour les élèves.

Avec les lycées transformés, eux, en
" Academy ", sur le même principe de financement et de gratuité, l'ensemble
des structures compte déjà près de 2 millions et demi d'élèves sur un total de
8 millions. C'est un peu une révolution invisible de l'école qui est en marche
au Royaume-Uni.

Et de nombreux autres exemples existent comme la prison
de Peterborough qui teste les "Social impacts bonds" (les obligations
sociales). Ces dernières permettent à une entreprise privée de financer une
association d'insertion en milieu carcéral. Bilan : en quelques années, le taux
de récidive a baissé à Peterborough de 10% contre une hausse de 11% au niveau
national.

Le constat est sans appel : l'approche du seul Etat
pour résoudre les problèmes sociaux ne fonctionne pas.

Est-ce que cela est applicable en France ?

Culturellement, nous en sommes très loin. La tolérance
aux inégalités est différente entre les 2 pays : la dénonciation de
l'assistanat est beaucoup plus forte de l'autre côté de la Manche. Actuellement
en France, le débat sur la réforme des collectivités locales se cantonne au gel
des dotations de l'Etat sans aborder les politiques de substitution.

Face à un Etat trop centralisé, ne faut-il pas renforcer
le rôle du tiers secteur (associations, entreprises sociales et coopératives)
avec une aide privée ou en mutualisant les moyens financiers entre communautés
locales (utiliser notre millefeuille administratif plus efficacement) ?

Dans le cadre de la réforme, François Hollande appelle à
renforcer le principe d'expérimentation. C'est le moment de dire banco, soyons
fous !

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