L'intelligence économique pour protéger les entreprises
Dans un monde qui tourne toujours plus vite et un contexte
concurrentiel exacerbé au niveau international, les Etats se doivent d'être
vigilants sur la sécurité de leur outil et leur stratégie industriels. Certains
pays comme les Etats-Unis ou Israël en ont fait une de leurs priorités
gouvernementales en mettant en place des produits juridiques, des formations et
des modèles de management ou de gouvernance appropriés tant publics que privés.
Concrètement, qu'entend-on par intelligence économique ?
Il s'agit de collecter, analyser, diffuser et protéger
l'information économique mais aussi, protéger ''physiquement'', les
entreprises. C'est un outil d'aide à la décision qui s'adresse aux grands
groupes mais aussi aux PME qui sont de plus en plus victimes de l'espionnite
par la concurrence mais qui disposent de moyens beaucoup plus limités - voire
inexistants - pour lutter comme peuvent le faire les grandes entreprises. Les
moyens sont pourtant parfois très simples sans tomber dans le James Bond. Dans
les trains ou les avions par exemple : faire attention aux conversations entre
collègues ou ne pas trop exposer son travail sur ordinateur portable. Les
fauteuils et les carlingues ont des yeux et des oreilles. On ne le sait pas
mais beaucoup de multinationales forment des espions dont la mission est
d'écumer tous les vols stratégiques internationaux très fréquentés par les
hommes d'affaires.
Il y a aussi le terrain législatif
Deux chantiers principaux ouverts ces dernières années : un
projet de loi créant une mention "confidentiel entreprise" au même
titre que le confidentiel défense... et définition en droit français du
"secret d'affaires" comme le "secret défense". Une autre
mesure dont s'est inspiré le gouvernement lors des assises de l'entreprise : la
suppression de l'obligation pour les PME de rendre publics leurs comptes. Cette
publication était l'occasion pour la concurrence d'avoir accès à des données
pouvant créer des distorsions de concurrence. Créer des garde-fous, c'est aussi
cela l'intelligence économique.
Cette délégation interministérielle a été créée il y a 4 ans
pour rattraper notre retard. Elle fédère aujourd'hui 5 ministères
Mise en place par Nicolas Sarkozy cette cellule était initialement
rattachée à l'Elysée. Elle sera désormais pilotée depuis Matignon. L'ancien Président
de la République était allé chercher un homme d'entreprise pour piloter cette
structure (Olivier Buquen, ancien de Plastic Omnium). Remercié sur un coup de
télephone peu avant le Conseil des ministres hier, il est désormais remplacé
par Madame Claude REVEL, haut fonctionnaire issue de la promotion Voltaire de
l'ENA (celle de François Hollande). Charge à elle de reprendre le flambeau de
ce métier qui n'est pas fait uniquement de normes dans un environnement
réglementaire mais qui demande une véritable philosophie de l'action.
Si le sujet vous intéresse, je vous recommande la lecture du
"Guide du Routard de l'intelligence économique" édité chez Hachette.
C'est le dernier bébé d'Olivier Buquen, c'est truffé d'informations et de
bonnes astuces... un véritable livre de chevet notamment, entre autres, pour
les patrons de PME.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.