L'intégralité du rapport Gallois difficilement applicable
D'abord, tirons une leçon. Contrairement aux récents démentis successifs, les rumeurs qui circulaient sur le contenu du rapport étaient bel et bien fondées. A part le retour aux 39 heures qui, effectivement, ne figurent pas dans le document final, tout le reste y est : allègement de charges sociales de 30 milliards d'euros, augmentation de CSG et de TVA, reprise des recherches sur l'exploitation du gaz de schiste... des fuites probablement bien orchestrées pour préparer l'opinion, dans la douceur, à la réalité des faits. Maintenant, la parole est au Premier ministre. Faut-il y voir un symbole ? Sur ce sujet qui a déchainé tant de passion et alors qu'on le dit affaiblit, en l'absence du Président François Hollande de retour du Laos, c'est le chef du gouvernement qui se retrouve à la manœuvre. A Jean-Marc Ayrault de faire passer le message ce matin devant la presse, et ce soir dans le 20 heures de TF1. Existe-t-il encore un ressort dans l'action gouvernementale ? On verra.
Mais Jean-Marc Ayrault ne peut pas retenir toutes les mesures préconisées par Louis Gallois.*
C'est le problème. Les propositions sont, certes, très ambitieuses mais réalistes car Louis Gallois est un grand commis de l'Etat et un capitaine d'industrie incontesté, très au fait de la question (ce qui pousse d'ailleurs les syndicats et les politiques les plus radicaux à dénoncer ses mesures trop libérales, ''des propositions d'un patron pour les patrons'', disent-ils). En réalité, Louis Gallois est resté prudent et ses mesures apparaissent comme un rempart aux propositions encore plus libérales du FMI. On en a peu parlé mais hier, le Fonds Monétaire International a fait lui aussi ses propositions pour la compétitivité française : ouverture encore plus large de certains secteurs à la concurrence, assouplissement du marché du travail et baisse du SMIC... vous avez bien entendu. A côté de cela, Louis Gallois apparaît vraiment comme un enfant de cœur.
Dans son état actuel, l'économie française peut-elle encaisser des mesures drastiques ?
Si vous faites référence à un transfert immédiat de 30 milliards d'euros de charges sociales des entreprises vers des taxes ou de nouveaux impôts qui touchent tous les français, là, effectivement, c'est très gênant. Augmenter immédiatement la TVA et la CSG amputeraient le pouvoir d'achat des français dans une conjoncture dont l'encéphalogramme est déjà très plat. Il faudra donc arbitrer mais surtout ne pas reculer. Ces 12 dernières années en France, la part de la valeur ajoutée industrielle dans la richesse nationale a chuté de 40%. En un peu plus d'une décennie, nous avons perdu plus du tiers du gain réalisé pendant les 30 Glorieuses. On a vraiment envie de dire ce matin au Premier ministre : allez-y monsieur Ayrault, foncez, c'est maintenant ou jamais.
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