L'Amérique boit la tasse
En tout cas bien loin de se terminer, la crise s’approfondit et elle s’élargit. Deux éléments se conjuguent pour faire peur aux marchés. Six mois après son déclenchement, la crise des prêts américains à risques fait d’abord payer une addition toujours plus lourde aux banques. Les pertes colossales affichées hier par Citigroup, la première banque mondiale – 10 milliards de dollars pour le dernier trimestre – ont dépassé les prévisions les plus pessimistes. Et l’on s’attend maintenant à ce que l’autre grand établissement au cœur de la tourmente, Merrill Lynch, annonce à son tour demain de très mauvais résultats. Ces banques vont chercher à répétition leur salut auprès de fonds asiatiques qui viennent les renflouer, là aussi à coup de milliards de dollars. L’autre événement de ce début d’année, c’est l’élargissement de cette crise bien au-delà de la finance. Après la hausse du chômage, il y a désormais le repli de la consommation américaine, attesté hier par la baisse des ventes de détail, la plus forte depuis six mois. Or la consommation fait l’essentiel de la croissance aux Etats-Unis. Des signes ne trompent pas : American Express s’inquiète des défauts de paiement par carte de crédit ; les achats de voitures sont en baisse. Même McDonald’s s’attend à ce que les ventes du sacro-saint Big Mac ralentissent. Le recul est brutal. S’il dure au moins six mois, ça sera une récession.
Et comment l’Amérique peut-elle limiter les dégâts ? Est-ce qu’elle peut rapidement renverser la tendance ?
Les américains avaient pris l’habitude de vivre en empruntant. Et comme dans cette crise, c’est le crédit qui est touché, le ressort d’années de croissance est en question. Pour autant, les autorités américaines ont des leviers très forts. D’abord un billet vert au plus bas, ce qui au moins facilite les exportations des produits « made in US ». Ensuite, les taux d’intérêt : la Fed va encore baisser nettement pour maintenir ouvert le robinet à crédit. Enfin la dépense publique : il y a des marges pour regarnir le portefeuille des américains soit par des baisses d’impôts – c’est la solution des Républicains – soit par des aides aux classes moyennes – c’est l’option démocrate. A coup sûr, le débat économique va s’imposer comme thème dominant dans la campagne présidentielle, au moins autant que la guerre en Irak.
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