Investissement en Europe : pourquoi le plan Juncker ne fait pas l'unanimité
La chancelière allemande Angela Merkel, qui préfère les réformes structurelles – dont la baisse des dépenses publiques – au déblocage de fonds, a de quoi être satisfaite. Car le plan Juncker c’est, finalement, très peu d’argent public. Sur les 315 milliards prévus, 16 milliards sont réellement tirés des caisses de l’Europe (pour la plupart, des crédits déjà prévus dans le paquet budgétaire européen 2014-2020), le tout appuyés par cinq milliards d’euros de garanties financières de la BEI (la Banque Européenne d’Investissement).
Une relance de 315 milliards d’euros virtuelle à près de 90% ?
Ce plan repose sur le principe de l’effet de levier : un milliard d’euro débloqué ou garanti est censé générer quinze milliards d’euros d’investissements de la part d’acteurs privés ou publics désireux de participer à la grande aventure. C’est ce principe d’effet de levier qui rend dubitatif certains observateurs.
D'autres soulignent le manque d'ambition de ce plan. 315 milliards d'euros, c'est 2% du PIB européen et bien moins que les 800 milliards de dollars – quelque 650 millions d'euros – débloqués pour le plan de relance de Barack Obama en 2009 aux Etats-Unis.
Enfin, en 2012, il y a eu le Pacte de Croissance Van Rompuy en Europe... on cherche toujours l'impact économique des 120 milliards d'euros débloqués à l'époque.
Pari loin d’être gagné
Ne jouons pas les cassandre. Il faut reconnaître que vouloir relancer l'investissement et la croissance avec des caisses publiques vides demande de l'imagination, tout comme le million d'emplois que ce plan Juncker est censé créer. Tout ne se fera pas immédiatement.
Si l'on en croit le nouveau Commissaire européen Pierre Moscovici, ce sont non pas 300 mais 700 milliards d'euros de projets d'investissements qui sont sur la table de la Commission européenne. Et ce n'est pas faux. La France, l'Europe, regorgent de créateurs et d'entrepreneurs potentiels dans le numérique, la transition énergétique et les infrastructures. Eux n’ont pas besoin d’effet de levier pour exister. Ils ne demandent qu’à s’exprimer.
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