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Internet : le patron d'Orange répond à Barack Obama

Un patron français qui répond du tac au tac au président des Etats-Unis, ce n’est pas banal. C’est pourtant la scène à laquelle nous avons assisté mardi.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Stephane Richard, patron d'Orange © Maxppp)

Ce patron, c’est Stephane Richard, le président directeur général de l’opérateur téléphonique Orange. Il profité de la présentation des résultats annuels du groupe pour renvoyer dans les cordes Barack Obama.

Objet de ce coup de gueule ? Une interview accordée la veille par le président américain au site spécialisé recode.net  Il s'y livre à une attaque en règle contre les méthodes de Bruxelles à l'égard des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), allant jusqu’à fustiger le protectionnisme européen en matière de technologie.

 

Que nous reproche concrètement Barack Obama ?

 

Il est agacé par les enquêtes menées régulièrement par l’Europe sur le respect par ces géants du net de notre vie privée, et surtout nos investigations contre leurs pratiques fiscales et anti-concurrentielles.

Et il y va fort, Barack, avec ses mots ! Nous Américains, je le cite "nous possédons internet, l’avons développé, perfectionné à un tel niveau que les européens ne peuvent pas nous concurrencer". Fermez le ban !

 

Que lui répond le patron d’Orange ?

 

Pour Stephane Richard, cette envolée lyrique de Barack Obama marque le retour de l’impérialisme et du colonialisme américain en matière de numérique.

Stephane Richard déçu et piqué au vif lorsque le locataire de la Maison Blanche affirme que l’Europe ne peut pas lutter face à la toute puissance de l’industrie numérique américaine.

"L’Europe n’est pas le paillasson numérique de l’Amérique… nous aussi sommes capables d’innover", lui répond le patron français. Echange savoureux !

 

Sur le fond, est-ce que cette passe d'armes verbale est réellement significative ?

 

C’est la preuve que, vu les enjeux, la guerre industrielle et numérique se déplace sur le terrain politique.

Obama sait très bien que l'Europe est le premier marché de Google et Amazon. Il place là un marqueur au moment où Paris et Berlin militent pour que Bruxelles renforce la régulation des géants du net. La Commission européenne présentera au mois de mai son « plan digital ».

Cela montre aussi que les relations risquent d’être très tendues dans les futures échanges de données (le Big et l’Open Data). Le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, se rend mercredi 19 février à Washington pour sensibiliser les grands opérateurs d’internet à la lutte contre la propagande terroriste, et travailler à  l'élaboration d'une plateforme commune.

Donc cet échange est loin d'être anodin. A nous - aussi - de savoir montrer les dents... ce qu'aucune grande capitale, voire l'Europe, n'a su faire jusqu'à présent.

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