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Intel - Altera, l'industrie informatique américaine se concentre

Le géant américain des puces informatiques Intel va débourser près de 17 milliards de dollars - un peu plus de 15 milliards d’euros – pour racheter son compatriote Altera. C’est la plus grosse opération jamais réalisée par Intel et un coup de tonnerre dans le secteur informatique américain.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Intel, leader des puces informatiques ©maxppp)

Intel, les puces informatiques… Altera, les composants reprogrammables… autant dire que ces deux là étaient faits pour s’entendre.

C’est un mastodonte technologique qui va voir le jour dans les six à neuf mois une fois que les autorités de régulation et de la concurrence auront dit ok.

Pour les actionnaires d’Altéra, cela sera tout bénéfices.  Ils ont fait durer le plaisir pour obtenir une meilleure transaction. Finalement, ils encaisseront une plus-value de plus de 10% par rapport à la valeur actuelle du titre en bourse.

 

Pourquoi ce rapprochement à grande échelle ?

 

Les américains préparent l’avenir. Ils anticipent l’explosion du marché mondial des échanges et de l’hébergement des données informatiques.

Ils n’attendent pas de voir venir, ils agissent dès aujourd’hui pour être prêt le moment venu, créer tout de suite une nouvelle gamme de produits capables de répondre à la demande et à l’arrivée prévue des objets connectés, tous ses vêtements bourrés de capteurs qu’il va falloir gérer en temps réel, offrir de nouveaux services toujours plus performants et à moindre coût de production.

Altera va apporter à Intel sa technologie permettant d’exécuter des tâches spécifiques à des vitesses élevées, notamment pour l’encryptage. Des puces taillées sur mesure et évolutives.

 

Véritable consolidation du secteur

 

Pour Intel c’est crucial. Le groupe américain qui a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 56 milliards de dollars, et emploie près de 110.000 personnes dans le monde, doit faire face au déclin des ordinateurs traditionnels qui affecte sa propre croissance.

 

Quelles leçons doit-on tirer de tout cela en Europe ?

 

D’abord sur le plan de la régulation : il faut travailler au cadre législatif qui évitera à notre industrie et aux citoyens européens de subir ce que les experts appellent déjà la ‘’superconnectivité’’. Cela demande un encadrement intelligent : la régulation – en France, c’est le rôle de l’ARCEP.

Et puis, il faut faire grossir nos propres fleurons. CapGemini, Atos, Aka Technologies… Faire en sorte que nos entreprises puissent rivaliser avec ces géants américains en leur donnant les moyens de se développer.

Le gouvernement s’y emploie – le ministre de l’Economie Emmanuel Macron en premier – mais c’est très lent.

L’Europe est bourrée de talents et d’idées mais, en France par exemple, nous manquons de capitaux-risqueurs. Pour se développer, les jeunes pousses tricolores vont chercher l’argent aux Etats-Unis puis reviennent – quand elles reviennent – mais dans tous les cas, ce sont les investisseurs de la Silicon Valley qui aspirent toute notre valeur ajoutée. Donc plus de capitaux-risqueurs… les laisser vivre sans leur mettre une épée de Damoclès fiscale au-dessus de la tête.

 

Inciter à prendre des risques impose de revoir notre philosophie du financement

 

Il faut accepter que des entreprises perdent de l’argent avant de pouvoir monétiser leurs idées et leur production.

Tous ces mouvements de concentration que nous observons ailleurs dans le monde devraient nous servir de leçon, mais surtout d’exemple d’anticipation.

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