Immigration : une chance pour la croissance ?
Les britanniques viennent de le faire. Selon des chiffres gouvernementaux, l’immigration a contribué pour 15 à 20% à la croissance du pays depuis 2001, sans impact sur le niveau de chômage, les travailleurs immigrés ayant des qualifications complémentaires à celles de la main d’œuvre locale. Chez nous, on notera cette disposition peu remarquée su projet de loi qui va être votée : elle prévoit des régularisations de sans papiers, à condition qu’ils aient un travail dans une activité ou une région où il y a des difficultés de recrutement. La venue d’intérimaires embauchés à l’étranger va aussi être autorisée pour faire face à des pénuries dans le bâtiment ou la restauration. Ce pragmatisme est une manière de lutter contre le travail clandestin et donc de faire rentrer des cotisations sociales. Une étude de l’OCDE note que la politique française de l’immigration se trouve à un tournant. La prépondérance plus forte chez nous qu’ailleurs de l’immigration pour motif familial, et la proportion moins élevée d’immigrés à haut niveau de qualification ne permettent plus de répondre aux besoins de secteurs qui ne trouvent pas assez de main d’œuvre, bâtiment, restauration, services aux particuliers par exemple. Il n’est pas illégitime, note l’OCDE, de chercher aussi à attirer des talents dans la compétition mondiale, en informatique ou en médecins par exemple. Une approche sinon choisie, du moins plus sélective, de l’immigration répond à des besoins économiques.
Mais un pays peut-il vraiment « choisir » son immigration ?
C’est vrai : même dans les pays les plus sélectifs, cette idée trouve ses limites. L’Australie et le Canada ont mis en place des systèmes de points attribués aux candidats à l’immigration selon leur maîtrise de la langue, leur expérience professionnelle, leur âge, avec un seuil à atteindre. On constate que les employeurs tiennent de plus en plus difficilement compte des qualifications acquises à l’étranger. Il n’est pas rare, en France aussi, de voir un ingénieur exercer comme chauffeur de taxi ou plombier faute d’avoir pu faire reconnaître son diplôme. D’où la nécessité de coupler toute politique d’immigration avec l’intégration, et notamment la lutte contre les discriminations dans les entreprises. Dans l’hôtellerie, à compétences égales, un test a montré que les employeurs portent leur choix dans 70% des cas sur le candidat dont le nom sonne le plus « français ». L’intégration ne repose pas seulement sur les efforts demandés à ceux qui arrivent, mais aussi à ceux qui accueillent.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.