Hôpital : le fiasco des 35 heures
S’il y a un secteur où personne ne peut contester que les 35 heures ont viré au fiasco, c’est bien l’hôpital. Quand elles ont été instaurées en 2002, le gouvernement s’était engagé à créer des postes. Mais il n’y en a pas eu suffisamment et pour la médecine, beaucoup n’ont pas pu être pourvus faute de candidats. Entre la nécessité d’assurer des soins 7 jours sur 7, 24h sur 24, le besoin de spécialistes qui ne sont pas interchangeables, les afflux de plus en plus nombreux aux urgences, les personnels hospitaliers n’ont pas pu profiter de leur RTT et ont accumulé des heures supplémentaires que beaucoup d’hôpitaux, en difficulté financière, n’ont pas eu les moyens de payer sur le champ. Ce qui a permis ailleurs d’absorber les 35 heures : des gains de productivité dans le privé, des réductions d’horaires d’ouverture dans des mairies, tout ça n’existe évidemment pas à l’hôpital. Résultat : 23 millions d’heures supplémentaires stockées en cinq ans et 4 millions de jours de RTT. Jusqu’à 120 jours pour certains médecins. Une véritable bombe à retardement qui devait forcément exploser un jour. C’est le cas aujourd’hui parce qu’au moment où le gouvernement encourage d’échanger les jours non pris contre du salaire, il ne peut échapper aux revendications des médecins et des autres personnels des hôpitaux.
Est-ce qu’il a les moyens de payer tout le monde ?
La ministre de la santé affirme disposer d’un fonds de réserve de 350 millions auquel s’ajouterait la même somme prise sur les budgets des hôpitaux. Pas sûr que cela suffise d’autant que les deux tiers des hôpitaux publics sont déjà en déficit. Pour payer leur personnel, ils devront donc accroître leur endettement. En théorie, il s’agit d’une situation de faillite. C’est de très mauvais augure pour le déficit de la sécurité sociale. Et surtout, une fois que la facture sera payée aux agents, le compteur continuera de tourner au rythme de 500 000 journées de RTT nouvelles par an et 400 000 heures supplémentaires. Cela tant que les 35 heures s’appliquent et surtout que l’hôpital public n’a pas complètement remis à plat son fonctionnement. Un défi énorme, qui pour l’instant n’a pas été hissé au rang de priorité pour le quinquennat.
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