Cet article date de plus de dix ans.

Heurs et malheurs du vin français

Direction le Salon de l'Agriculture, à Paris. Quand on parle de la première ferme de France, on pense tout de suite veaux, vaches, cochons, tracteurs et nouvelles technologies. Un autre domaine est représenté Porte de Versailles : le secteur viticole qui connaît, lui aussi, ses joies et ses peines. Cela dit, 2013 fut un bon cru.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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L'année dernière, les
étiquettes françaises ont bien défendu leur place dans le monde avec 200
millions de caisses écoulées (vins et spiritueux confondus), ce qui représente
un chiffre d'affaires de 11 milliards d'euros sur un an. Ce secteur reste le
meilleur poste d'exportation après AIRBUS. Mais tout succès à son revers et les
temps ne sont faciles pour personne. La France perd des parts de marché. Si on
regarde le long terme : concurrence internationale oblige avec notamment
les vins australiens, californiens, espagnols ou italiens : au cours des
trente dernières années, les échanges du précieux breuvage ont doublé dans le
monde mais nos vignobles ont perdu la moitié de leur part de marché.
Concrètement, sur les seules trois dernières années, la France a vendu 10% de
vin en moins en volume.

Qu'en est-il de la
situation des vignobles en France ?

Le foncier est un
autre problème qui touche pratiquement toutes les régions viticoles. La crise a
entrainé une baisse du prix des terrains. Dans le Beaujolais par exemple, on a
atteint un plus bas en 2012 à environ 10.000 euros l'hectare. Depuis 1991, ces
prix ont été divisés par 4. Autre exemple, on part dans le Sud ensoleillé, en
Côtes du Rhône, précisément dans le village de Cairanne (entre Orange et
Vaison-la-Romaine). On est en train d'y procéder à la délimitation en crus. Ce
genre d'opération favorise ou pénalise certains producteurs pour des raisons
plus souvent administratives que qualitatives. Exemple précis qui fait cas
d'école : un exploitant a repris avec son épouse il y a trente ans une
exploitation familiale (le domaine l'Ameillaud) et produit environ 150.000
bouteilles par an sur 35 hectares. Seuls 10% de sa vigne a été sélectionnée
pour bénéficier d'une appellation contre 80% en moyenne pour les autres
exploitations du village. Si le dossier est arrêté en l'état, son foncier va
fondre immédiatement de 400.000 euros. Evidemment, aujourd'hui, il s'interroge
sur son avenir.

L'Europe trop rigide,
une nouvelle fois ?

Non. En l'occurrence,
cela ne se passe pas au niveau européen mais français. C'est l'INAO qui ville
au grain (l'Institut National de l'Origine et de la Qualité, dont le rôle est
d'accompagner agriculteurs et viticulteurs pour valoriser leur patrimoine).
Mais pour trancher au mieux, l'institut – dont les compétences sont reconnues –
s'appuie sur des organisations locales, des syndicats et des commissions de
producteurs... ce qui peut favoriser des conflits d'intérêts. Quant aux vignobles
non retenus pour de nouvelles appellations, aucun système d'indemnisation n'est
prévu comme lorsque une autoroute passe sur un terrain par exemple. C'est donc
plus un mode de fonctionnement qu'il faut certainement revoir pour que nos
terroirs restent compétitifs et attractifs à tout point de vue.

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