Hausse des prix : pour du beurre, on va devoir compter
Brutale, vous avez raison. Car personne n’avait anticipé un basculement aussi rapide d’une longue période de surproduction – qui avait justifié en Europe la mise en place des quotas laitiers – à une situation de tension. Car comme toujours lorsqu’il y a hausse de prix, c’est que l’offre diminue alors que la demande augmente. Le lait et surtout la poudre de lait – utilisée dans l’alimentation humaine et animale, le beurre, le fromage font l’objet d’un commerce mondialisé. Que constate-t-on ? Dans un pays comme la Chine, la consommation en produits laitiers augmente de 10% par an. 300 millions de Chinois – l’équivalent de la population des Etats-Unis – ont désormais les moyens de s’offrir une alimentation diversifiée, à l’occidentale. La tendance se retrouve aussi Inde. Dans le même temps, s’agissant de l’offre, la première zone de production, Nouvelles Zélande et Australie, vient de subir 3 années de sécheresse. Là bas 25% des troupeaux ont disparu et il n’y a plus d’exportation. La collecte de lait est aussi en baisse en Europe et en France, où on est désormais bien en dessous du quota fixé à 23 milliards de litres. L’élevage des vaches laitières n’attire plus les agriculteurs, notamment les jeunes, qui en ont assez des contrôles tatillons et d’un métier qui les oblige à travailler sans arrêt puisqu’il faut traire tous les jours. Du coup, ils préfèrent se tourner vers la production de blé ou de maïs, aujourd’hui beaucoup plus rentable et moins contraignante.
Est-ce que la hausse à la production va entièrement se répercuter sur les consommateurs ?
C’est tout l’enjeu. Mais quand la hausse à la production est telle, on voit mal comment elle ne se répercuterait pas. La rayon lait et crèmerie représente 20% de nos dépenses alimentaires, avec un budget par ménage de 500 euros. On peut s’attendre à une hausse du ticket de caisse de 5 à 6 euros par mois. Les éleveurs font justement remarquer que lorsque le prix du lait a baissé de 20% ces trois dernières années, les consommateurs ne l’ont en revanche pas senti. Pour le gouvernement, la voie la plus immédiate consiste à réformer les règles qui encadrent les relations entre les fournisseurs et la distribution, chaînes d’hypermarchés en tête. Bref à libéraliser pour renforcer la concurrence. Faute de quoi le sandwich gruyère va devenir un produit de luxe. Et désormais pour du beurre, il va falloir compter !
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