Fonctionnaires en grève : premier test social pour le gouvernement
C'est un piège qui pourrait bien se refermer sur le
gouvernement. Le conflit social arrive par ceux qui semblaient être acquis à la
gauche : les deux tiers des fonctionnaires ont voté pour François Hollande. Notamment
parce que le chef de l'État a promis de stopper la baisse des effectifs de la
fonction publique.
Mais la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, a une nouvelle fois douché les espoirs des fonctionnaires mardi : pas de hausse générale de salaires cette année, pas de pause dans les suppressions de postes.
Hollande coincé par ses engagements de campagne
François Hollande se retrouve coincé par ses engagements. Pour créer 65.000 postes d'ici cinq ans dans l'Éducation
nationale, la Justice, la Police et la Gendarmerie, à effectifs constants, il
faut en supprimer ailleurs : deux postes sur trois en moyenne ne seront pas remplacés
dans ces autres ministères. Un effort de rigueur sans précédent, qui
s'accompagnera d'un gel des salaires cette année.
Il n'y a là aucune mauvaise surprise. Le
gouvernement ne fait que tenir ses engagements. Mais ces engagements sont à double tranchant et
risquent finalement de mécontenter bon nombre de fonctionnaires.
Quelles marges de manœuvre pour le gouvernement ?
Les marges de manoeuvre du gouvernement sont très limitées voire nulles. Car derrière il y a un enjeu de finances publiques :
le budget prévoit 10 milliards d'euros d'économies sur les dépenses de l'État.
Impossible dans ce contexte d'augmenter les dépenses consacrées
aux fonctionnaires. Or 1% de hausse du salaire de base, cela coûte 1,8 milliard d'euros. Impensable.
Le gouvernement n'a pas le choix. Il doit maintenir
le gel des salaires. Mais c'est un choix qui sera difficile à faire
passer. Le point d'indice, qui sert à calculer les salaires,
n'a pas bougé depuis 2010. Et les revenus des fonctionnaires se dégradent : un agent sur cinq est aujourd'hui au Smic.
Comment désamorcer le mécontentement ?
Le gouvernement n'a plus que les symboles. Il va
tenter de jouer sur un marqueur politique, sur une mesure de Nicolas Sarkozy,
rejetée par les syndicats : la rémunération
à la performance. Elle devrait être en partie supprimée et les sommes
réattribuées. Mais seuls 3% des agents la touche aujourd'hui. Cela ne devrait
donc pas suffire à calmer les revendications salariales de syndicats.
Certains
annoncent déjà la fin de la lune de miel avec le gouvernement : "Ce
que nous avons combattu sous la droite ", prévient la CGT, "ne saurait devenir
acceptable sous la gauche ."
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