Flexisécurité : une nouvelle donne sociale
Ce sera l’un des mots de l’année 2008. Un « mot valise », c’est-à-dire la fusion de deux termes existants pour en créer un nouveau. Dans la valise, il y a un donnant-donnant. Un peu plus de souplesse pour les patrons. Ils réclament depuis longtemps de pouvoir plus facilement licencier. Un peu plus de garanties et de sécurité pour ceux qui perdent leur emploi. Prenez la rupture à l’amiable du contrat à durée indéterminée, la principale nouveauté de la réforme : le principe, c’est qu’on se met d’accord pour éviter tout contentieux futur. Entre la démission et le licenciement, cette nouvelle formule permet aux entreprises d’éviter d’être attaquées devant les prud’hommes, avec les incertitudes et les risques financiers que ça comporte. En contrepartie, celui qui quitte son emploi a droit au chômage, contrairement à ce qui se passe s’il donne sa démission, il reçoit un chèque d’indemnité, conserve pour un temps sa mutuelle santé et ses droits à la formation. L’idée qui est derrière tout ça, c’est qu’à trop vouloir encadrer les licenciements, on a fini par dissuader les entreprises de recruter. Et pour le salarié, la rigidité du droit du travail a été payée par une plus grande précarité puisque, quand elles embauchent, les entreprises recourent au CDD dans 70% des cas.
Mais est-ce qu’on est vraiment sûr que faciliter le licenciement va faire baisser les chômage ? Ce n’est quand même pas facile à admettre…
Vous avez raison et c’est pour ça que le mot flexibilité a longtemps été tabou pour les syndicats. On n’est sûr de rien. On constate seulement que le chômage a diminué plus facilement dans les pays où le marché du travail est plus souple, plus mobile, où l’on change d’emploi plus souvent. Un peu plus de risque de perdre son job, mais aussi plus de chance d’en retrouver un plus vite. Le Danemark est le modèle de cette flexisécurité. Là bas, l’emploi n’est pas protégé. En contrepartie, les chômeurs conservent 90% de leur salaire. On y a le taux de chômage le plus faible de l’Union européenne : 3%. Bien sûr, l’exemple n’est pas transposable tel quel : il suppose des dépenses publiques que l’on n’a pas les moyens de se payer. Il faut aussi avoir en tête que c’est la croissance, c'est-à-dire l’activité, qui reste le premier moteur de création d’emplois. Cela dit, ce projet d’accord est historique : les partenaires sociaux ont montré leur capacité à trouver un compromis pour exploiter une voie nouvelle. Rien que pour ça : la flexisécurité à la française vaut la peine d’être tentée, au moins pour… une période d’essai.
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