Emprunt : les collectivités contournent les banques
Chaque année, les collectivités locales empruntent 80 milliards d’euros, (ce qui représente 70% de l’investissement public)... de l’argent drainé, non pas vers le salaire des fonctionnaires ou le budget de fonctionnement des associations… non… cet argent sert à construire des équipements publics, des infrastructures. Et derrière, il y a de l’emploi. Le problème c’est que désormais les banques prêtent plus difficilement, et quand elles prêtent, c’est à des taux d’intérêt prohibitifs. Crise oblige, elles font attention et n’entendent pas être le dindon de la farce… c’est à dire remplacer DEXIA CREDIT LOCAL DE France qui assurait ce rôle de prêteur aux municipalités avant que ses dirigeants n’aient la folie des grandeurs. Aujourd’hui DEXIA est dans l’antichambre de la mort, donc inactive.
Emprunter sur les marchés par les temps qui courent, est-ce bien raisonnable ?
Raisonnables, les collectivités le sont ! En 2012, leurs investissements devraient baisser de près de 10% et le recours à l’emprunt de 20%. Conscientes de la situation économique tendue, elles doivent continuer d’investir. 70 grosses collectivités ont donc décidé de souscrire un emprunt obligataire : lever auprès d’investisseurs un peu plus d’un milliard d’euros sur les 4 milliards dont l’ensemble des municipalités françaises ont besoin aujourd’hui. Trois établissements financiers ont été mandatés pour servir d’intermédiaire avec les marchés : HSBC, NATIXIS et CREDIT AGRICOLE… les collectivités espèrent ainsi obtenir des taux plus avantageux (entre 3 et 4% sur 15 ans) alors qu'elles empruntent aujourd’hui auprès du Trésor entre 5 et 6%. Un projet d’établissement prêteur est en cours de constitution entre la Banque Postale et la Caisse des Dépôts mais il tarde à voir le jour... Bercy veut éviter une spirale de l’endettement.
Vu le contexte actuel, n'est-ce pas logique ?
C'est surtout une question de choix stratégique. L'argent que les collectivités empruntent sert à rénover des hôpitaux ou agrandir des parcs d’exposition mais aussi à agrémenter des stades, sans parler des ronds points qui fleurissent comme des champignons… des aménagements plutôt de confort et de court terme. Il est important aujourd'hui d'orienter l'investissement local vers la création de valeur… des infrastructures stratégiques comme des lignes ferroviaires de fret (il en manque 1000 kilomètres aujourd’hui en France et l’Etat n’a plus un sous pour les financer). Il faudrait revoir le modèle institutionnel pour mettre en réseau collectivités, départements et régions... cela permettrait de dégager une vision commune des investissements et de faire en sorte que les collectivités, elles aussi, apportent leur pierre à la croissance dont il est beaucoup question en ce moment.
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