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Embauches possibles, recrutements difficiles

Pôle Emploi publie une enquête dont les résultats sont pour le moins étonnants en cette période de crise : les embauches devraient augmenter sur l'ensemble de l'année 2012.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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C'est vrai que l'information apparaît un peu comme un ovni dans le flot des nouvelles qui nous parlent tous les jours de plans sociaux en cours ou à venir, de perspectives de réductions de postes dans tel secteur ou telle entreprise... d'autres y verront plutôt une lueur d'espoir. Toutes proportions gardées (car l'étude a été réalisée fin 2011, il y a donc près de 5 mois et, depuis, beaucoup d'eau a coulé sous le ponts...), Pôle Emploi chiffre à 1 million 600.000 le nombre de projets de recrutements en 2012 dont un peu plus de la moitié pour des emplois durables (des CDI ou des CDD supérieurs à six mois ou plus). L'hôtellerie restauration demeure le premier vivier de recrutement, suivi des services à la personne (l'aide à domicile) qui, vieillissement de la population oblige, offre de plus en plus de postes. Et puis, à l'autre bout de l'échelle, des emplois de très haut niveau comme ingénieurs ou cadres en Recherche et Développement.


Perspectives de recrutements en hausse, donc... mais Pôle Emploi émet quelques réserves !*

C'est le principal enseignement à tirer de cette enquête : il est difficile de recruter alors que le chômage bat des records ! Les entreprises veulent embaucher mais ne trouvent pas chaussures à leurs pieds. Plus de 680.000 emplois potentiels pourraient ainsi ne pas trouver preneurs cette année. En cause : d'un côté des problèmes d'images liés à des professions faiblement qualifiées et mal rémunérées ; de l'autre : des métiers biens payés mais pour lesquels on ne trouve plus de salariés qualifiés, sauf à aller les chercher à l'étranger... c'est le débat autour de l'immigration économique.

Pourquoi cette pénurie ?

Problème n°1 : la formation. Seuls 10% des chômeurs sont formés chaque année (il faut peut-être revoir cela). Problème n°2 : la qualification. 80% des candidats qui se présentent aujourd'hui à l'embauche ne correspondent pas au profil recherché. Pour contourner cette difficulté majeure, les 2/3 des entreprises interrogées se disent prêtes à former leur propre personnel, mais le système en amont est encore trop complexe. Ce qui était vrai il y a dix ou quinze ans l'est encore aujourd'hui : il faut revoir la politique et les mécanismes de formation qui n'ont pas fait leurs preuves, en finir  avec certains préjugés, notamment autour de l'apprentissage... et puis, c'est vrai, il faut jouer aussi sur les salaires. Enfin, pas d'emplois sans croissance... pour retrouver le chemin de l'embauche, il faut que le PIB (le Produit Intérieur Brut, la richesse nationale) atteigne au moins 2 et demi% et cette année nous serons à 0 : la Banque de France l'a confirmé hier... gageons que cela n'entamera pas le moral des entrepreneurs interrogés par Pôle Emploi.

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