Du french bashing au french pragmatism
Le chef de l’Etat a le vent en poupe et se sent pousser des ailes. Après avoir connu les tréfonds de l’enfer des sondages, sa côte de popularité remonte subitement, et quel meilleur moment que les cérémonies de vœux pour savourer un tel redressement !
Le locataire de l’Elysée ne va pas bouder son plaisir, nous ferions comme lui. Mais lundi, l’exercice avait lieu devant un parterre de personnalités bien particulières : pas de politiques ni de Préfets mais les décideurs économiques et sociaux, patrons et syndicalistes, acteurs de la réforme.
S’il a eu raison de se montrer offensif – après tout, n’est-ce pas son rôle de meneurs de troupes ? – n'est-il pas allé trop vite, à défaut d’aller trop loin ?
Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
En apparaissant comme vainqueur de l’adversité sondagière, il a donné à certains acteurs présents dans la salle l’image d’un homme qui se sent désormais invincible et qui en joue. La pression mise pour aboutir au plus vite à un accord autour du Pacte de responsabilité n'est pas du goût de tout le monde. Pour le Secrétaire général de Force Ouvrière, Jean-Claude MAILLY, par exemple, la prise de position de François Hollande n'est pas respectueuse de la liberté des négociations.
Par ailleurs, en annonçant, tel un dirigeant de la Banque Centrale Européenne, que cette dernière mettrait en place dès jeudi un important plan de rachat de dettes, le chef de l’Etat a présenté la baisse de l’euro, des prix du pétrole et des taux d’intérêts comme notre planche de salut économique.
Certes, ces facteurs peuvent favoriser la reprise mais il convient de se garder de toute prévision hâtive. Le Fonds Monétaire International vient de le rappeler : la chute des cours du brut ne compensera pas la faiblesse de l’investissement. Et puis on se souvient de la certitude et de l’engagement élyséen sur l’inversion de la courbe du chômage.
L’économie va bien repartir un jour
L’économie va redémarrer mais elle ne le fera pas par enchantement, encore moins sur commande. Nous sommes encore dans l’unité nationale – et c’est tant mieux – mais le débat sur les vraies réformes à engager va très vite ressurgir. C’est la vie. Même la plus fulgurante croissance de popularité de l’histoire n’inversera la machine. Ce n’est pas du french bashing mais du french pragmatism.
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