Cet article date de plus de douze ans.

Discours de politique générale, les marchés financiers n'ont pas bougé. Jusqu'à quand ?

Troisième et dernier épisode du feuilleton budgétaire du gouvernement Ayrault ce matin : la présentation en Conseil des ministres du projet de loi de finance rectificative pour 2012. Certains observateurs avaient prédit une réaction des marchés. Finalement, rien ne s'est passé du côté de la bourse.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Tout le monde y était allé de son pronostic bien avant l'élection présidentielle. "Vous verrez, les marchés réagiront dès que le Premier ministre aura prononcé son discours de politique générale". Ce moment tant attendu est passé. Rien ne s'est produit (la bourse de Paris a même gagné près de 1% hier). Maintenant, on va voir comment les opérateurs réagiront dans les prochains jours ou prochaines semaines mais on peut d'ores et déjà avancer quelques éléments objectifs. Qu'a dit le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à l'Assemblée ? Rien de nouveau. Il s'est engagé (il est vrai de manière solennelle) à maintenir le cap de la politique économique et fiscale du gouvernement.


Cela a suffit à rassurer les marchés ?


Les opérateurs n'avaient aucune raison d'être surpris car toutes les mesures confirmées par le Premier ministre avaient été anticipées. L'armature générale des projets budgétaires de la nouvelle équipe est rappelée, ressassée, martelée depuis des semaines. Autant, avant l'élection présidentielle, les marchés avaient mis un coup de pression sur les candidats... autant, aujourd'hui, ils considèrent que les difficultés budgétaires touchent une grande majorité de pays européens et ce n'est pas en accablant l'un ou l'autre que l'on va résoudre les problèmes. Toute mesure d'ajustement est considérée comme positive et sur ce plan, ni François Hollande ni Jean-Marc Ayrault n'ont ménagé leur peine pour expliquer leur volonté de voir les comptes publics revenir à l'équilibre.


Mais, quand-même, n'y a-t-il pas un paradoxe entre perspective d'impôts nouveaux et croissance en berne ?*

Autrement dit : comment imposer des ponctions fiscales supplémentaires (comme une hausse de la CSG) qui sont autant de points de pouvoir d'achat en moins, au moment où il faut justement relancer la machine ? Là encore, les marchés se disent en ce moment que la tendance est plutôt dans la logique Mario Monti : une gestion de la crise par le chef du gouvernement italien à travers une rigueur pragmatique qui ne dit pas son nom. L'essentiel est de bien choisir les coupes budgétaires pour ne pas casser un retour de la croissance. Le paradoxe est dont vous parlez est d'ailleurs renforcé par les nouvelles perspectives de croissances évoquées hier par Jean-Marc Ayrault : pour 2012, le Premier ministre table désormais sur une croissance de 0.3% et non plus 0.4 comme la semaine dernière... et puis pour 2013 : 1,2 au lieu d'1,7%. La tactique est-elle de charger la barque volontairement pour dire d'avoir une bonne surprise au final ? On verra en temps utiles. Pour l'heure, Jean-Marc AYRAULT a parlé, la bourse n'a pas flanché, la France continue d'emprunter à des taux convenables pour rembourser sa dette. Mais attention : si d'aventure Paris ne respectait pas un seul de ses engagements, les marchés se rappelleraient alors a son bon souvenir.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.