Dette : toujours plus !
A Bercy, on a du ressentir le même pincement que le contribuable qui, par surprise, reçoit un avis de redressement fiscal. Début septembre, l’office européen des statistiques a adressé à l’INSEE une lettre lui demandant d’intégrer dans le passif de l’Etat une fraction de la dette de la SNCF. Cette part était auparavant isolée par une procédure comptable. Après pas mal de discussions, le gouvernement a accepté de réintégre la somme contestée. Du coup, pour 2006, la dette passe d’un peu moins à un peu plus de 64% de la production nationale.
La question est de savoir quelles conséquences ça a pour la suite. Dans leur communiqué hier, les ministres de l’Economie et des Comptes, Christine Lagarde et Eric Woerth se sont voulus rassurants : ils maintiennent leur objectif de stabilisation de la dette en 2007. Mais entre les lignes, on comprend que la situation se dégrade. Notamment parce que, contrairement à l’an dernier, les recettes de privatisation ne sont pas au rendez-vous. Elles doivent permettre de rembourser la dette mais pour l’instant elles ne dépassent pas 4 milliards cette année. C’est quatre fois moins qu’en 2006. On ne privatise pas pendant les élections et ensuite il y a eu la crise financière de l’été, avec trop de secousses boursières pour que l’Etat prenne le risque de brader ses bijoux de famille. Du coup, « Une incertitude très forte demeure sur le niveau de la dette publique », reconnait un haut responsable du Trésor.
Dans une semaine, le gouvernement présente le Budget 2008. Est-ce que cela signifie qu’il est obligé de revoir sa copie ?
Cela modifie la base de départ pour 2008. Mais de toute façon, nous resterons encore loin de l’objectif européen, qui est de limiter la dette à 60% du PIB. Ces quinze dernières années, la France est le pays qui a le plus augmenté sa dette publique et les intérêts des sommes empruntés, 40 milliards par an, sont le deuxième poste budgétaire de l’Etat, juste derrière l’Education nationale. 40 milliards qui ne servent pas à créer des richesses et de la croissance. La goutte d’eau d’hier dans un verre qui déborde déjà ne change pas grand-chose si ce n’est qu’elle vient rappeler l’ampleur de l’effort à conduire.
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