Cet article date de plus de douze ans.

Des eurobonds pas avant un ou deux ans : reculer pour mieux sauter

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault admet que les eurobonds ne sont pas pour tout de suite. Il le déclare à l'hebdomadaire allemand Die Zeït. Est-on en train d'assister à l'enterrement pur et simple des euro-obligations ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Franceinfo (Franceinfo)

A très court terme oui, mais c'est reculer pour mieux sauter. D'abord, précisons que Jean-Marc Ayrault parle des " eurobonds " et non des " projectbonds " (les eurobonds consistent en une mutualisation des dettes des pays européens alors que les projetcsbonds - s'ils étaient mis en place - seraient des emprunts souscrits en commun pour financer les grands travaux). Exit donc, pour l'instant, les euro-obligations que l'Allemagne refuse en l'état actuel pour éviter de payer les écarts des pays les moins vertueux. Dans cette interview à Die Zeït, Monsieur Ayrault reconnaît que le système exige une plus grande intégration politique... que cela prendra sans doute plusieurs années.

Comment faut-il interpréter cette position ?

D'abord, nous sommes à huit jours d'un nouveau sommet européen présenté comme crucial (François Hollande doit y lancer un appel solennel en faveur de la croissance)... le calendrier n'est donc pas anodin. Ensuite, nous venons d'entrer dans l'après législative... autrement dit dans la phase active des décisions qui s'imposent. N'a-t-on pas martelé au cours des dernières semaines que les vraies décisions, celles qui engagent le pays, tomberaient une fois les élections législatives passées ? Et bien nous y sommes ! La France met de l'eau dans son vin. Objectivement, Paris reconnaît que dans l'actuelle phase de tension avec Berlin il vaut mieux mettre certaines revendications en sourdine.

Quel est le message précis ?

Berlin est prêt à dire oui aux euro-obligations mais en échange d'une plus grande intégration politique et budgétaire avec à la clef une surveillance multilatérale. Cela s'appelle du fédéralisme... Paris répond : " pourquoi pas "... mais donnons-nous le temps. On est clairement dans le " donnant donnant " : moi, François Hollande (par la voix de Jean-Marc Ayrault, qui plus est dans la presse allemande), je ne revendique plus une application immédiate des eurobonds... mais en échange, Chère Angela, arrêtez de freiner des quatre fers quand j'appelle à des mesures de relance. Il ne faut pas voir cette position comme un renoncement. Pragmatique, Paris reconnaît indirectement que l'on ne pourra pas faire avancer les choses sans concéder un peu de souveraineté. Sur le fond, eurobonds et euro, c'est le même combat. Si l'on veut sortir de la crise et conserver la monnaie unique, il faut une union politique, donc une union budgétaire... même les opposants à ce raisonnement commencent à s'y résoudre, à l'instar de la nouvelle équipe au pouvoir.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.