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Déficits et compétitivité de la France : dernier coup de semonce de Bruxelles

Et de 2 ! En l'espace de 2 semaines, Bruxelles met une nouvelle fois la pression sur la France, pointée du doigt pour ne pas aller assez vite dans la réduction de ses déséquilibres économiques. Un coup de semonce qui fait mal mais qui presse la France à réagir.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

C'est la suite de la longue litanie des reproches de
Bruxelles Ă  une France qui ne bouge pas assez. Il y a une dizaine de jours,
lors de la publication de ses prévisions de printemps, la Commission avait mis
l'accent sur le risque de voir nos finances publiques déraper : nous
n'atteindrons pas en 2015 l'objectif de 3% de déficit par rapport à la richesse
produite comme nous nous y étions engagés. Et bien cette fois,  Bruxelles nous dit que, malgré les mesures
prises, le compte n'y est toujours pas.

Le coût du travail reste trop élevé et
pĂšse sur les marges des entreprises. Quant au niveau de la dette (au-dessus de
95% du PIB) il risque d'exposer le pays à des turbulences sur les marchés
financiers comme au plus fort de la crise de l'euro, mais aussi de mettre en danger
l'ensemble de l'Eurogroupe. Nous voici donc placés sous " surveillance
renforcée ".

" Surveillance renforcée ", c'est le terme
officiel. Qu'est-ce que cela veut dire ?

Le malade France est comme le patient sur le lit
d'hÎpital que le médecin de service vient voir plusieurs fois par jour pour
vérifier la température. Paris rechigne à suivre le traitement prescrit et le
toubib se fĂąche. Un camouflet pour la deuxiĂšme Ă©conomie de la zone euro. On se
retrouve dans la mĂȘme salle de rĂ©veil que l'Espagne, l'Irlande et la Hongrie
qui viennent tout juste de sortir de leur plan d'aide financiĂšre. Seules la
Croatie, la Slovénie et l'Italie ont une santé plus chancelante que la notre.

En décrochant de l'Allemagne qui, elle, se voit au contraire
reprocher ses excédents commerciaux, la France est en train de se déplacer
dangereusement vers les des pays du Sud de l'Europe en sérieuse difficulté. Elle
reste aux urgences, à proximité du bloc opératoire.

Comment s'Ă©crit la suite de l'histoire ?

Si aucune mesure corrective n'est transmise Ă  Bruxelles
dans les prochaines semaines, la Commission recommandera des sanctions
financiÚres contre Paris, comme le lui permet le nouveau cadre législatif dont
elle s'est dotée. Cela interviendra au mois de juin. C'est trÚs court,
certainement trop court, pour ajuster la trajectoire de nos finances publiques.

Le ministre de l'Economie ne peut que réaffirmer
solennellement l'engagement de la France. Interrogé mercredi soir dans
l'émission " Questions d'Info " sur France Info et La Chaine
Parlementaire avec l'AFP et Le Monde, Pierre Moscovici a insisté sur le fait
que " engagement " était un mot trÚs fort et que tout serait fait
pour le respecter.

Doit-on aussi en tirer une leçon pour Bruxelles ?

Oui. A force d'enfoncer le clou de cette maniĂšre,
l'Europe assume son rĂŽle de gardienne du temple mais renforce du mĂȘme coup son
image de donneuse de leçon. A deux mois des élections européennes, la
Commission doit veiller au grain tout en se gardant d'ouvrir un boulevard aux
partis du "raz le bol" qui montent dans les enquĂȘtes d'opinion. C'est
toute la difficulté de l'exercice.

Comme chacun doit prendre ses responsabilités, comptons
sur les partenaires sociaux pour s'accorder sur le Pacte du mĂȘme nom et
permettre Ă  Paris d'envoyer les bons signaux. Hier, syndicats et patrons ont
avancé mais nous restons au niveau du débat par branches professionnelles. Il
faut aller plus vite.

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