Croissance : la France continue de décrocher du reste de l'Europe
C'est un indicateur que l'on doit au cabinet Markit qui sonde régulièrement les entreprises sur leur activité. Les données du mois de juin ne sont pas bonnes. L’activité du secteur privé dans l’hexagone continue de se contracter. L’indice Markit qui couvre tous les secteurs d’activité évolue à son plus bas niveau en quatre mois.
La baisse des nouvelles commandes s’accélère pour les industriels et elle est d’autant plus préoccupante qu’elle touche à la fois la demande intérieure et les exportations. L'ensemble du deuxième trimestre est mauvais, ce qui n'augure rien de bon pour le second semestre.
Qu’est-ce que cela signifie pour le gouvernement ?
Que l’accumulation de ces indicateurs et statistiques faiblards depuis maintenant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, rend de moins en moins plausible la prévision de croissance du gouvernement de 1% en 2014. Qui dit moins de croissance, dit moins d’argent qui rentre dans les caisses. Ce qui tombe mal au moment où Matignon va récupérer moins que prévu de l’Ecotaxe, poursuit la baisse de certains impôts pour ménager la gauche de la gauche, etc...
En réalité, c’est une situation à double tranchant. D’un côté, elle crédite l'action du gouvernement : la situation est telle qu’il faut poursuivre le pacte de responsabilité destiné à donner des vitamines à notre économie. De l’autre côté, cette situation apporte de l’eau au moulin des détracteurs du pacte, à l’image de Valérie Rabault, la Présidente de la Commission des finances de l’Assemblée nationale. Madame Rabault vient de publier un rapport dans lequel elle explique que les 50 milliards d’euros d’économies publiques pourraient avoir un impact négatif de 0.7% sur la croissance et coûter quelque 250.000 emplois.
Le ministre de l’Economie lui a répondu lundi matin sur France Info. Michel Sapin a parlé de ‘’calculs en chambre’’. Concrètement, les arguments du rapport Rabault sont-ils valables ?
Ce n’est pas faux de dire que quand on baisse des dépenses, on consomme moins, on fait moins tourner la machine économique et la croissance s’en ressent. Le débat est celui de l’impact chiffré. On peut en parler longtemps.
Mais à terme, même si le CICE coûte de l’argent, même si les baisses de charges des entreprises coûtent de l'argent… il faut bien se dire que cela aura un impact positif à terme, notamment sur l’emploi. C’est l’objectif visé.
La question de la croissance n’agite pas le débat uniquement en France. Des voix s’élèvent ailleurs en Europe.
Sur fond des 3% de déficits par rapport au PIB, cette fichue barre des 3% accusée de nous presser comme des citrons. Sans aller jusqu’à remettre en question le pacte de stabilité et de croissance européen, l’idée d’assouplir un peu les règles et d’arrondir les angles fait son chemin jusqu’en Allemagne.
Ce sujet sera mis sur la table lors du sommet européen de jeudi et vendredi prochains. Au programme : de la souplesse en faveur de la croissance. Le tout est de savoir quel sera le niveau d’élasticité de la souplesse en question.
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