Croissance 2013 : Paris est plus optimiste que Bruxelles
Le plus inquiétant, c'est que l'Allemagne est rattrapée à son tour par le coup de froid. Pourtant très tournée vers l'export, l'économie allemande prend de plein fouet la situation dégradée de ses voisins européens, au point que les cinq sages qui conseillent le gouvernement Merkel en matière économique plafonnent leur prévision de croissance à 0.8% en 2013, autant que cette année et, vous l'aurez remarqué : autant que ce que la France prévoit de faire également l'an prochain. Là, il y a un loup.
Vous voulez dire que la France ne peut pas faire aussi bien que l'Allemagne ?
Si la France atteint l'an prochain 0.8% de croissance comme l'Allemagne, plus qu'un loup, ça sera un véritable miracle... Bercy pourra se rendre en délégation à Lourdes pour y déposer un cierge ! Paris maintient ses prévisions... ''nous ferons bien 0.8%'' a réaffirmé sur France Info ce matin le ministre du Travail Michel Sapin. La Commission européenne, elle, n'y croît pas... elle avance le chiffre de 0.4% - moitié moins – ce qui vaut dire que si la France veut respecter ses objectifs budgétaires, elle devra trouver l'an prochain, grosso modo, 4 milliards d'euros supplémentaires. Ca commence à faire beaucoup.
Le pacte de compétitivité que vient de présenter Jean-Marc Ayrault peut-il changer la donne ?
Non puisque la majorité des mesures qu'il contient ne prendra effet que dans deux ans. Le seul avantage de ce plan, à très court terme, est d'envoyer un signal positif à Bruxelles. La Commission européenne, gardienne du Temple des budgets nationaux, l'a rappelé hier : pour juger de la capacité des Etats à respecter leurs objectifs de déficits publics en 2013, elle ne s'attachera pas uniquement aux chiffres mais observera surtout les efforts réalisés pour y parvenir. Une manière pour Bruxelles de dire à la France : si vous continuez sur cette voie, on pourrait repousser plus loin que le 31 décembre 2013 l'objectif des 3% de déficit. Si une telle décision est prise, en fonction du calendrier de travail bruxellois, ça serait au plus tard à l'automne 2013, soit 3 mois avant l'échéance fixée. L'Europe va nous donner un maximum de temps pour redresser la barre... si, et uniquement si, les engagements pris par Paris prouvent sa bonne volonté à maîtriser les dépenses publiques, Bruxelles nous donnera alors un peu d'oxygène. Concrètement : le gouvernement a encore un an pour convaincre... les concessions faites par l'Elysée et Matignon à travers le rapport Gallois font partie de cette stratégie, quitte à se mettre à dos une partie de la majorité et de l'opinion.
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