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Crise de l'euro : convergence Paris Rome

Comment faut-il interpréter la rencontre entre François Hollande et Mario Monti hier à Rome ? Contournement de l'axe Paris Berlin ou élargissement du noyau dur pour gérer l'Europe en crise ? les deux hommes ont joué la convergence de vues sur les grands dossiers.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

 

Cette rencontre était un signal envoyé à la communauté
internationale en général, et aux marchés financiers en particulier, à deux
jours des élections en Grèce. En l'absence d'une vraie gouvernance économique
entre 27 pays européens, on a montré hier l'union de deux leaders politiques
dans une zone euro mouvementée... un 
couple Paris-Rome, main dans la main, susceptible de rassurer et, de
fait, convaincre, Angela Merkel de franchir quelques barrières psychologiques.
" Je ne veux pas que l'on regarde l'Europe comme un continent malade...
l'Union ne doit pas être un sujet d'inquiétude mais un enjeu de fierté " a
déclaré hier soir François Hollande... message : il y a ''des'' pilotes dans
l'avion.

François Hollande qui avait réservé à Mario Monti la primeur
de la feuille de route qu'il vient d'envoyer à tous ses partenaires européens.

Un document bâti sur trois piliers : croissance, union
bancaire et stabilité financière. La banque Centrale Européenne se verrait
accorder un rôle plus important dans la supervision des banques. La règle d'or
serait retravaillée pour exclure notamment les investissements stratégiques du
calcul des déficits nationaux... quand aux euro-obligations, Paris voudrait
convaincre Berlin de leur utilité en lâchant du lest sur le principe de
l'intégration politique.

Le tout est de savoir si ce plan sera accepté par les
partenaires européens de la France, au premier rang desquels l'Allemagne
justement...

Les trois axes de la feuille de route proposée par le
Président français touchent les sujets de fond mais Berlin continue de regarder
du coin de l'œil son nouveau partenaire socialiste. Quant à l'union bancaire,
elle est difficile aux yeux des allemands pour des raisons à la fois
culturelles et structurelles. Alors que le système français repose sur 4
grandes banques très internationalisées (systémiques comme l'on dit...), en
Allemagne, outre la Deutsche Bank et la Commerzbank, il y a une myriade de
petits établissements provinciaux. Compliqué pour Berlin de tomber sous la
coupe d'un système mutualisé avec supervision internationale.

Pour faire passer la pilule, Paris évoluerait sur le
principe de l'intégration politique dites-vous... qu'est-ce que cela veut dire
concrètement... ?

Au prix de certaines concessions sur la question de la
souveraineté, il s'agirait de ne pas s'opposer à la création d'une instance de
type parlementaire indépendante de l'actuel Parlement européen et qui prenne
plus en compte le poids des différents pays membres... c'est ce que demande
l'Allemagne. Cette institution validerait les décisions ayant une portée
budgétaire commune. Tous ces sujets vont maintenant faire l'objet d'intenses
discussions... prochaine étape : le G20 dès lundi, puis le sommet européen
prévu à la fin du mois à Bruxelles.

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