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Coût du travail : stagne en France, augmente en Allemagne

Créer de l’emploi coûtera-t-il bientôt plus cher en Allemagne qu’en France ? Nous en sommes encore loin mais l’écart entre les deux rives du Rhin se réduit, même si la France reste championne d’Europe des charges patronales.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (© Maxppp)

D’abord une définition : le coût du travail c’est ce qu’une entreprise, un patron, paie pour employer un salarié (c’est l’addition du salaire brut + les charges patronales qui servent à financer nos différentes couvertures sociales).

Selon l’office des statistiques allemand, une heure de travail en Allemagne coûte en moyenne aux employeurs du secteur privé 31 euros 80, soit environ 10% de moins qu’en France où l’heure de travail revient en moyenne à 35 euros 20.

 

Cet écart se réduit

 

Le coût de la main d’œuvre se renchérit en Allemagne alors qu’il progresse très peu, voire stagne, en France. Selon les dernières statistiques d’Eurostat, au quatrième trimestre, sur un an, dans l’industrie et les services marchands, le coût horaire de la main d’œuvre en France a augmenté de 0.3% mais de 1,6% en Allemagne (cinq fois plus).

 

Pourquoi cet écart ?

 

La tendance s’est inversée en 2011. Côté Allemand, il y a eu le rattrapage sur les salaires gagné de haute lutte par les syndicats après au moins 10 ans de modération.

Côté français, la stagnation du coût du travail tient en grande partie à la mise en place du CICE, le Crédit Impôt Compétitivité Emploi.

Cette tendance entre la France et l’Allemagne va se poursuivre car, chez nous, le CICE atteint son rythme de croisière cette année et en Allemagne le salaire minimum est entré en vigueur le 1er janvier 2015.

 

Si la France continue à gagner ainsi en compétitivité face à l’Allemagne, nos salaires vont-ils augmenter ?

 

Non, pour deux raisons :

1/ La France reste la championne européenne des charges patronales pour financer notre très généreux système de protection sociale. In fine cela réduit la rémunération nette du salarié (ce que l’on touche réellement à la fin du mois). Ces lourdes charges patronales françaises, c’est l’employé qui les paie en moindre salaire.

2/ Augmenter les rémunérations dans le contexte économique actuel fragiliserait la petite reprise qui se profile. 

Il faut savoir que de tous les pays de l'OCDE, la France est le seul où depuis quinze ans les salaires augmentent plus vite que la productivité.

Aujourd'hui les marges des entreprises françaises sont plus faibles qu'après le choc pétrolier des années 70. Cela veut dire concrètement qu’elles ont encore moins de capacités d’investissements, donc moins de capacités d’embauche.

Inutile d'être grand clerc pour comprendre que, si la France reste à ce niveau élevé de charges, il n'y aura aucun miracle, notamment pour l’inversion de la courbe du chômage.

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