Coût du travail : la France et l'Allemagne se rapprochent
Le coût du travail c’est ce qu’une entreprise paie réellement pour employer un salarié (c’est l’addition du salaire brut + les charges patronales). Selon les statistiques officielles publiées hier à Berlin, au deuxième trimestre (entre avril et juin), ces coûts en Allemagne ont progressé à leur rythme le plus élevé depuis plus d’un an (+1,7%), alors qu’ils stagnent en France.
A la longue, cette tendance va finir par rendre les produits allemands plus chers donc, rendre ceux des autres pays – dont la France – plus compétitifs.
Chaque salarié allemand coûte aujourd’hui à son employeur, en moyenne, 33€20 de l’heure contre 35€60 en France.
Donc, embaucher quelqu’un en Allemagne reste - quand-même - moins cher que chez nous en France
C’est exact. Mais la vraie information, c’est que l’écart se réduit. En réalité, la tendance s’est inversée en 2011. Entre 2011 et 2013, l’augmentation du coût du travail a atteint 2,7% en Allemagne. Sur la même période en France, la hausse s’est limitée à 1,9%.
Comment expliquer ce phénomène ?
Outre-Rhin, il y a eu le rattrapage sur les salaires, gagné de haute lutte par les syndicats, après au moins 10 ans de modération. Au passage, on voit là l’efficacité d’un vrai dialogue social. Et puis il faut préparer l'arrivée du salaire minimum au 1er janvier 2015. Cela pousse les charges à la hausse chez nos voisins allemands.
Côté français, la stagnation du coût du travail tient en grande partie à la mise en place du CICE, le Crédit Impôt Compétitivité Emploi qui atteindra son rythme de croisière cette année... ajouter à cela les mesures prises dans le cadre du Pacte de responsabilité.
Cela veut dire que nos salaires vont augmenter ?
Non, ou dans une très faible proportion, comme le confirme l’INSEE dans sa dernière note publiée mardi 9 septembre sur les perspectives d'évolution des rémunérations.
Il faut savoir que de tous les pays de l'OCDE, la France est le seul où, depuis 15 ans, les salaires augmentent plus vite que la productivité. Aujourd'hui les marges des entreprises françaises sont plus faibles qu'après le choc pétrolier des années 70. Les entreprises ont moins d’argent dans les caisses, donc moins de capacités d'investissements. Dans ce contexte, augmenter les salaires fragiliserait l'édifice encore un peu plus.
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