Courrier : Y aura-t-il encore écrit La Poste ?

En réalité sans doute très peu de chose. Des garanties sont prévues. Cette dernière étape de la libéralisation du marché de La Poste a été très longue, précisément parce qu’il a fallu mettre tout le monde d’accord sur ce qu’on appelle en langage européen un service universel. Tout citoyen de l’Union européenne devra continuer à pouvoir bénéficier d’une distribution et d’une levée du courrier au moins cinq fois par semaine – en France, elle sont assurées 6 jours sur 7 – sur n’importe quel point du territoire et à un prix abordable. Le prix unique du timbre devrait être maintenu sauf pour les envois en très grand nombre. Le problème, en fait, va se poser pour La Poste. Car elle restera la seule à pouvoir assurer un tel niveau de service. Le coût pour acheminer un courrier de Paris à Marseille n’est évidemment pas le même que pour une carte postale qui part de La Baule jusqu’à un petit village isolé de Haute-Provence. Jusqu’à présent, le monopole permettait de financer un tel service, en équilibrant les activités déficitaires grâce aux plus rentables. Dès lors que le monopole disparaît, la Poste va devoir baisser ses prix et, compte tenu de sa mission de service public, c’est tout son équilibre de financement qui est remis en question.

Quelles solutions sont envisagées ? Comment La Poste va-t-elle faire face à la concurrence ?

Il y aura une compensation. Tout opérateur qui viendra sur le marché national devra contribuer à un fonds destiné à le financer le service universel. Ensuite, la concurrence va se jouer sur le terrain des entreprises, qui font l’essentiel de l’activité postale. Elle sera d’autant plus rude que le marché du courrier se tasse, du fait d’Internet. Et que La Poste est très dépendante de quelques clients : la moitié de son chiffre d’affaires est réalisé avec une cinquantaine de grands comptes, dans la Vente à distance notamment. D’où le plan d’investissement lancé il y a trois ans, pour moderniser le tri et la distribution. La Poste française vise ainsi à rattraper son retard sur son homologue allemande, très offensive. D’où aussi le resserrement des effectifs. Voilà pourquoi cette échéance de 2011 est présenté comme un big bang pour La Poste.