Commerce mondial, la stratégie américaine
Et selon la Maison Blanche, ça sera tout bénéfice pour l’emploi américain qui fait tant défaut aujourd'hui. En donnant son aval à ces accords qui attendaient depuis plusieurs mois, l’administration américaine va chercher à l’extérieur les relais de croissance qu’elle ne peut plus – pour l’instant – développer à l’intérieur de ses frontières. Et puis, le Président américain ne s’en cache pas : dans le contexte actuel de compétition mondiale, ces accords vont permettre aux Etats-Unis de réaffirmer leur leadership sur l’économie de la planète... c'est une percée du "Made in USA" sur la scène mondiale.
Qu’y a-t-il concrètement derrière ces trois accords ?
Il s'agit de faciliter les échanges commerciaux vers ces trois destinations (Corée du Sud, Colombie et Panama), avec suppression des droits de douanes sur 95% des exportations américaines au cours des cinq prochaines années. C'est la plus vaste offensive lancée par les USA depuis le traité de l’ALENA avec le Canada et le Mexique en 1994. Et puis, les Etats-Unis – si prompts à nous donner des leçons pour résoudre notre crise de la dette - n’entendent pas se laisser tailler des croupières par l’Europe en Corée du Sud. Nous aussi nous travaillons activement dans cette zone ! Nous aussi négociations avec Séoul. Les américains ne veulent pas nous laisser marquer trop de points.
Et quelles leçons doit-on en tirer sur le plan du commerce mondial ?
Et bien cette offensive américaine traduit une mutation des modes de négociations. Les trois accords dont on parle sont passés de manière bilétarale (c'est à dire de pays à pays... on parle aussi d'accord régionaux...)... ce qui est totalement différent des accords dit "multilatéraux" qui impliquent parfois jusqu'à plus de 100 pays. Cela peut paraître technique mais plus loin que ce seul aspect, il faut voir dans ce choix une véritable stratégie de croissance. En recentrant les négociations commerciales sur des zones bien précises, on évite la lourdeur des discussions impliquant de nombreux partenaires... on est beaucoup plus mobiles pour aller contrer rapidement des concurrents étrangers... et puis surtout, on peut contourner l'OMC. Car en effet : les accords bilatéraux échappent à tout contrôle de l'Organisation Mondiale du Commerce (en terme de règles et de contenu), ce qui n'est pas le cas des accords multilatéraux. A l'heure où le protectionnisme réapparaît dans le discours de certains politiques en France et en Europe, cela serait une erreur de ne pas s'intéresser à ces mutations du commerce mondial pour mieux les maîtriser... qu'on le veuille ou non, ce sont les enjeux et les emplois de demain.
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