Commerce mondial : la France montre les dents
La France a-t-elle quelque chose à gagner en se repliant sur elle-même ? Certainement pas. Tout au plus, peut-elle demander à l’Europe de lui venir en aide en imitant certains dispositifs de protection commerciale dont certains pays ont le secret, comme les Etats-Unis par exemple, pourtant les chantres du libéralisme.
La réunion de Bruxelles aujourd’hui est consacrée à des discussions autour du Traité de libre échange entre américains et européens. Le président de la République François Hollande a tenu à ce que la question de la ‘’réciprocité’’ y soit abordée.
De quoi s’agit-il ?
C’est un dispositif qui est censé limiter l’accès au marché européen des entreprises d’autres pays – hors Europe – dont les marchés publics sont fermés aux entreprises européennes. Donnant-donnant : tu me refuses l’accès à tes marchés publics ? Qu’à cela ne tienne : je te ferme l’accès à mes propres marchés.
Le Canada est un des nombreux exemples
Quand nous empruntons le RER en région parisienne ou certains trains régionaux en France, nous roulons dans du canadien, puisque les rames sont fabriquées par le groupe canadien Bombardier (qui a remporté le marché en toute conformité des règles de l’OMC). Seulement voilà : ce n’est pas possible dans l’autre sens. Les groupes français ne peuvent pas répondre aux appels d’offres publics au Canada car ce pays le leur interdit tout simplement. Et les exemples sont nombreux.
Pourquoi n’applique-t-on pas le même principe avec les pays qui nous bloquent ?
Ce principe de réciprocité des marchés publics, l’Europe y travaille d’arrache-pied depuis deux ans. Mais tout le monde n’est pas d’accord au sein des pays membres. Allemagne, Royaume-Uni et 13 autres Etats-membres sont contre. Dans le camp des pour, la France est rejointe par la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, l’Italie ou le Portugal.
L’idée de François Hollande – qu’il avait déjà défendue pendant la campagne pour la présidentielle – est de profiter des négociations sur le Traité de libre échange entre l’Europe et les Etats-Unis pour imposer ce principe de réciprocité dans les marchés publics.
Il serait vraiment temps de s’y mettre. Cela n'a rien du protectionnisme. L’Union européenne offre aujourd’hui le marché le plus ouvert au monde. A ce titre, il lui convient, aussi, de se faire respecter et de montrer les dents quand c’est nécessaire.
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