Chômage, les paradoxes français
On va évacuer tout de suite l'argument de la France paresseuse... des demandeurs d'emplois qui pantouflent grâce à de confortables prestations. On ne peut pas généraliser les quelques exceptions qui confirment la règle. Mais les faits sont têtus : selon Pôle Emploi, en 2012, 460.000 offres d'embauches n'ont pas été satisfaites. Pire qu'au début de la crise puisqu'en 2008, les offres non satisfaites atteignaient 260.000 ; en 2009, 290.000. Les chiffres ne cessent d'augmenter et le paradoxe de se renforcer : les Français cherchent du travail et les entreprises ne trouvent pas chaussures à leurs pieds.
Est-ce vrai dans tous les secteurs d'activité ?*
Au palmarès des recrutements les plus difficiles, on trouve les traditionnels emplois à domicile ou les aides ménagères mais il manque aussi de plus de plus d'ingénieurs, de cadres en recherche et développement, de responsables techniques et informatiques.
Géographiquement, la Corse totalise à elle seule la majorité des difficultés de recrutements (plus de 53%) devant la région Centre et la Bourgogne sur le continent. Mais si l'on inclut les départements d'Outre-Mer, Martinique et Mayotte sont nettement au-dessus de la moyenne.
A quoi peut-on attribuer ces difficultés de recrutement ?
Pour les petits boulots, la mauvaise image l'emporte. On renâcle à dire oui à un poste qui demande de travailler tard le soir ou le week-end... Des emplois mal payés dans la restauration, le bâtiment, les métiers d'infirmier et d'aide-soignant.
Autre argument qui pèse de plus en plus dans le refus de postes : la question du logement et de la dépense directement liée en cas de mobilité. A l'heure de la mondialisation et des délocalisations, l'argument a du poids et devrait interpeller tous les acteurs de l'économie. Et puis il ne faut pas cacher le découragement auquel poussent certaines entreprises en étant, soit trop exigeantes, soit opportunistes face à la conjoncture dégradée. Il sera toujours difficile pour un bac +4 ou +5, avec de l'ancienneté professionnelle, d'accepter un retour à l'emploi payé au smic.
D'un côté, il faut mieux accompagner le chômeur, de l'autre, améliorer la politique salariale... et cela ne relève pas uniquement des entreprises. L'Etat refuse d'engager un choc de compétitivité et préfère la méthode douce d'un accompagnement dans la durée. En face, les entreprises tardent à prendre la voie de l'innovation et de généraliser l'intéressement aux résultats que l'on sait pourtant très motivant. De nombreuses expériences existent et prouvent leur efficacité. Un groupe comme Essilor, par exemple, est pionnier en la matière. Autant de chantiers à défricher pour que la France et l'Europe aient un emploi durable, mieux payé, plus équitable.
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