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Carrefour à la croisée des chemins

Le patron de Carrefour, Georges PLASSAT a présenté ce matin les résultats du groupe pour le premier semestre et dévoilé son plan stratégique pour relancer l'entreprise en difficultés. On en a eu un premier aperçu hier soir avec la confirmation de la suppression de 500 à 600 postes administratifs.
Article rédigé par franceinfo
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D'abord les résultats... grâce
essentiellement à ses ventes au Brésil, sur les six premiers mois de l'année,
Carrefour a réduit sa perte nette à 31 millions d'euros contre 249 millions sur
la même période de l'an dernier. La bourse a immédiatement salué cette
amélioration... à Paris, le titre gagne actuellement aux alentours de 8%.

Maintenant l'emploi... vous évoquiez
la suppression de 500 à 600 postes administratifs... il s'agit d'un plan de
départ volontaire et non de licenciements secs mais les syndicats n'en restent
pas là... ils estiment que 300 à 400 postes ont déjà été supprimés avec le non
renouvellement de CDD et d'intérimaires...
ce qui porterait la réduction totale dans l'immédiat à un millier d'emplois.

Que se passe-t-il chez Carrefour qui emploie 112.000
personnes en France et 412.000 dans le monde ?

Confronté ces dernières années à la concurrence des Leclerc,
Auchan et autres Casinos, le groupe n'a pas su affronter la vague sous la
direction de Lars Olofson, remplacé en mai dernier par Georges Plassat. Parts
de marchés en baisse, déboires judiciaires pour non respect du SMIC et pression
des actionnaires dont l'homme d'affaires Bernard Arnault... l'année
dernière : les dépenses d'équipements de Carrefour ont augmenté de près de
30% alors que son bénéfice baissait de 20%... la trésorerie disponible est passée
de 800 millions à 77 millions d'euros en un an.

Que peut faire Georges Plassat pour redresser la
barre ?

Il lui faut d'abord reconquérir les parts de marché perdues
en France (l'hexagone représente 45% de l'activité globale du groupe). Cela
passera par une réflexion sur l'avenir des rayons non-alimentaires (une branche
aujourd'hui mal menée dans les hypermarchés car elle subit la concurrence
d'internet).  Ensuite, réduire les coûts : en ciblant mieux les
campagnes de publicité et en réinvestissant les économies dans les points de
vente (les analystes estiment que 400 magasins en Europe ont besoin d'être
rénovés... coût de l'opération : entre 600 et 1 milliard d'euros). Et puis
il y a la stratégie financière, très lourde à mener : céder des actifs non
stratégiques pour redresser la trésorerie. Après s'être retiré de Grèce, du
Japon, du Mexique, de Russie et de Thaïlande, Carrefour pourrait quitter la
Turquie, l'Indonésie et la Pologne... enfin, l'introduction en bourse de certains
de ses actifs en Amérique latine et en Chine pourrait lui rapporter entre 2 et
3 milliards d'euros.

Est-ce que la personnalité de Georges PLASSAT va jouer un
rôle dans ce plan de relance ?

Georges Plassat c'est : le redressement de la marque
Casino ; la résurrection du groupe d'équipement de la personne Vivarte
(les chaussures Minelli et André ; les marques Chevignon, Kookaï,
NafNaf...)... et puis un caractère bien trempé : sévère mais juste au dire de
ses collaborateurs (et pas forcément les plus directs). Le sens de l'humour... enfin,
la faculté de remonter les manches pour réparer un conduit de climatisation qui
ne fonctionne plus alors que le directeur du magasin visité par surprise veut
appeler les services techniques... (c'est réel !). Sans mauvais jeu de
mot : Carrefour est vraiment à la croisée des chemins.

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