Budget européen : pour une PAC plus intelligente
S'il y a un homme sous pression depuis quelques jours à Bruxelles, c'est bien le Pdt de l'Europe, Herman Von Rumpuy, qui doit faire face à l'assaut des britanniques. Ces derniers réclament, au nom de la crise, une baisse draconienne de l'enveloppe de 1.000 milliards d'euros prévus pour le budget européen (le "paquet" 2014-2020), faute de quoi Londres pourrait bloquer tout accord final. Très consensuel, soucieux de la paix des ménages, Herman Von Rumpuy propose de réduire le budget commun de 75 milliards d'euros... sur ces 75 milliards d'économies, près de 22 seraient ponctionnés sur la Politique Agricole Commune. Rappelons en quelques chiffres ce que représente la PAC : c'est un peu plus du tiers du budget total de l'Europe (environ 290 milliards d'euros) dont la France est la première bénéficiaire avec près de 8 milliards d'aides directes par an.
Pourquoi l'agriculture sert-elle ainsi de variable d'ajustement ?
Ce choix est très bien illustré par la position de la France : le Président de la République François Hollande veut préseverser la PAC et défend parallèlement une politique de croissance à travers de grands chantiers. Seulement voilà : Bruxelles ne peut pas jouer sur tous les tableaux et on voit mal comment Paris peut obtenir gain de cause au final. Car aujourd'hui, l'Europe est une somme d'individualités. Défendre la PAC n'est plus une cause commune... il y a au sein de l'Union de plus en plus de défenseurs de ce que l'on appelle la politique de cohésion. Cette politique prévoit que 75% des aides soient dirigées vers les régions les plus pauvres. Ces pays sont désormais les plus nombreux au sein de l'Union, essentiellement les pays de l'Est emmenés par la Pologne qui entendent bien décrocher une plus grosse part du gâteau.
La question est donc de savoir comment on peut limiter la casse sur le volet agricole !*
L'heure est désormais aux choix. Comment rendre la PAC plus efficace et, surtout plus équitable. Ce que certains rebaptisent une "Politique Alimentaire Commune" est le grand chantier prévu pour le prochain paquet 2014-2020 : sortir des références historiques datant de 1992 qui faisaient, par exemple, qu'un gros producteur touchait plus qu'un petit au nom de la surface exploitée. Autre projet dans les tuyaux : abolir les distinctions entre types de production ou les différentes régions... tout le monde serait servi à la même enseigne... Enfin, dernier point de cette politique de convergence : privilégier le "verdissement" de la production (en réduisant notamment l'emploi des pesticides, en favorisant le bio et les exploitants qui emploient des méthodes de culture innovantes).
La PAC est un des fondements de l'UE : il en va de l'alimentation de 700 millions de personnes et du maintient de l'industrie agro-alimentaire. Donc pas d'attaque frontale à attendre... juste un recadrage utile... mais avec moins de sous... c'est évident.
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