Budget américain : un nouveau sursis
Est-ce reculer pour mieux sauter ? Nous verrons cela plus tard. On dit généralement que les leçons n'intéressent que ceux qui les reçoivent... Des leçons, les Américains nous en donnent souvent en accusant l'Europe de ne pas savoir se mettre d'accord... Depuis quelques jours, l'Union n'a pas plus le monopole du ridicule. Barack Obama parlait lui-même de "stupidité " en fin de semaine dernière lorsque républicain et démocrates ont une nouvelle fois échoué à se mettre d'accord sur la manière de gérer les finances publiques. Réduire les dépenses pour les uns, refus d'augmenter les impôts pour les autres... Sans accord, le mécanisme de coupes budgétaires s'est appliqué automatiquement gelant 85 milliards de dollars de dépenses. Les conséquences sont immédiatement apparues avec des files d'attentes gigantesques aux aéroports, privés d'agents de sécurité et de personnels divers.
En quoi consiste au juste le nouveau délai obtenu hier ?
Les républicains de la Chambre des représentants ont déposé un texte qui permet de financer l'Etat fédéral jusqu'à fin septembre et d'éviter ainsi la crise qu'aurait entrainé une fermeture des services publics le 27 mars avec, entre autres, la mise au chômage de plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires. Attention, ce report n'annule pas les coupes budgétaires automatiques entrées en vigueur vendredi mais cela va donner un peu d'air à certaines administrations comme la Défense. A cela, il faut ajouter une autre échéance dont on parle moins mais qui est essentielle : au mois de mai, républicains et démocrate devront se mettre d'accord cette fois sur le plafond de la dette. Faut-il relever ce plafond (autrement dit lâcher un peu les dépenses publiques) ? Quel niveau ne pas dépasser ? On peut s'attendre à de nouvelles discussions très animées.
Donc, à vous entendre, rien n'est réglé sur le fond... pourquoi, alors, les marchés ont réagi positivement hier ?
Et bien parce que dans son malheur, l'économie américaine ne devrait pas être affectée plus que de raison. L'impact négatif d'un demi-point de croissance est absorbable sans faire trop de dégât. Il devrait en être de même pour l'Union européenne qui est pourtant le premier partenaire commercial des Etats-Unis. Le seul effet que nous pourrions ressentir serait une remontée de l'euro consécutive à une baisse du dollar délaissé par les investisseurs... pas bon pour nos exportations. Mais à quelque chose malheur est bon : pour les Etats-Unis, cette passe difficile est peut-être l'occasion de créer un réel électrochoc permettant d'assainir les finances publiques. Si Washington peut le faire, c'est maintenant, au moment où l'économie donne quelques signes de reprise. Le vrai souci est plutôt d'ordre psychologique. Beaucoup d'observateurs estiment que ces aléas budgétaires traduisent un affaiblissement de Barack Obama quelques mois à peine après sa réélection. Or, les facteurs psychologiques peuvent être plus lourds pour l'économie que l'humeur des prévisionnistes.
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