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Brexit ou non, des britanniques se ruent sur l'euro et le dollar

Deux camps toujours au coude à coude pour le referendum sur une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Europe et, en face, des britanniques qui achètent des devises, de peur de voir la livre sterling dégringoler
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Ce n’est pas encore une situation de guère aux portes des banques mais le mouvement est symptomatique. C’est la Poste britannique qui voit affluer le plus de personnes.

Depuis samedi et dimanche, les ventes de devises ont fait un bond de 75% par rapport à la même période de l’an dernier. Sur la seule journée de mardi 21 juin, ces ventes ont augmenté de 50% en agence et de… 380% sur internet.

Comble du paradoxe : les sujets de sa gracieuse Majesté, dont on dit que près de la moitié serait prête à sortir de l’Europe, choisit l’Euro comme valeur refuge, de peur de voir la livre sterling dégringoler

 

L’euro n’est est la seule devise prisée

 

Le dollar fait partie des devises achetées. En réalité, les britanniques achètent de la devise étrangère, ils n’échangent pas leur livre sterling.

Les craintes des personnes qui font la queue aux guichets sont-elles fondées ? On a beaucoup dit sur les conséquences d’un Brexit.

Les négociations pour une sortie de l’UE dureraient deux ans. Donc le couperet ne tomberait pas immédiatement mais serait source d’incertitudes à court terme. Incertitudes qui pourraient pousser les foyers à moins consommer et les entreprises à moins investir. On imagine alors l’impact d’une baisse de la demande sur l’emploi, sans parler d’un possible regain d’inflation. Le gouvernement pourrait décider un budget d’urgence avec hausses d’impôts et baisse des dépenses, besoin d’emprunts publics, etc…

 

Par ricochets, dans quelles mesures les autres Etats européens seraient touchés par ces effets monétaires ?

Sans parler d’apocalypse, le premier impact serait une remontée de l’euro, mauvais pour la croissance qui pointe le bout du nez. Là où la situation devient compliquée : dans l’hypothèse du non à la sortie du RU de l’UE, le regain d’intérêt pour la livre sterling serait proportionnel à la peur engendrée par un Brexit. En clair : la livre remonterait, pénalisant de fait, aussi, la croissance en GB.

N’oublions pas qu’un maintien du RU dans l’UE va imposer un statut spécial de la Grande-Bretagne, notamment vis à vis des Traités européens. Cela fait partie des négociations.

Donc Londres va continuer de peser et on va s’interroger sur ce que les britanniques vont vouloir nous négocier.

La leçon de cette histoire est que, quel que soit le résultat du référendum, les marchés monétaires et financiers vont continuer de tanguer dans les prochaines semaines. les banques centrales sont déjà sur le pied de guerre.

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